Etude analytique de la fable de La Fontaine intitulée Le Statuaire et la Statue de Jupiter.
[...] Faites des vœux ; Voilà le maître de la terre. L'artisan exprima si bien 10 Le caractère de l'idole, Qu'on trouva qu'il ne manquait rien À Jupiter que la parole. Même l'on dit que l'ouvrier Eut à peine achevé son image Qu'on le vit frémir le premier, Et redouter son propre ouvrage. À la faiblesse du sculpteur Le poète autrefois n'en dut guère Des dieux dont il fut l'inventeur 20 Craignant la haine et la colère. Il était enfant en ceci : Les enfants n'ont l'âme occupée Que du continuel souci Qu'on ne fâche point leur poupée Le cœur suit aisément l'esprit : De cette source est descendue L'erreur païenne qui se vit Chez tant de peuples répandue. [...]
[...] De plus, le dieu Jupiter lui-même est choisi par le Statuaire comme omnipotent (le maître de la terre, vers possédant dans sa main le tonnerre (vers 6). Par un seul vers lourd de signification, il interfère dans la vie des humains en leur faisant peur (Tremblez humains, vers 7 ; la rime tonnerre / terre, vers indique la direction que le dieu peut ou non assigner à sa puissance destructrice) et en leur imposant de lui rendre un culte (Faites des vœux, vers 7). [...]
[...] Il est donc à la fois victime et seul responsable de cette relation de dupe. - Critique des pouvoirs excessifs Plaçant son œuvre dans la tradition des fables gréco-latines, La Fontaine emprunte l'argument de cette fable au Pygmalion d'Ovide. Mais la statue de Jupiter sculptée dans le marbre s'oppose à celle d'Ovide travaillée dans l'ivoire et représentant une femme, Galatée. Alors que la première détient un pouvoir absolu et effraie le Statuaire, Pygmalion tombe amoureux de sa statue et demande à Vénus, qui l'exauce, de la rendre humaine. [...]
[...] ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Comme le conte philosophique, la fable est un apologue. En effet, c'est un récit distrayant qui contient une morale, parfois implicite. Dans ses fables, le narrateur a le regard scientifique surplombant d'un zoologue ; cela donne l'impression qu'il domine, qu'il maîtrise les défauts humains et qu'il s'en amuse. Il nous donne également l'impression que les comportements humains appartiennent à des lois naturelles, ce qui les rend d'autant plus dérisoires. Le pouvoir des fables tient dans cet habile mélange de récit et de morale, rappelant les vers initiaux de la fable 1 du Livre VI, Le Pâtre et le Lion : Les fables ne sont pas ce qu'elles semblent être. [...]
[...] À l'opposé du Statuaire dont il est un double, le Poète ne peut être un imitateur servile et doit préférer au Beau idéal inaccessible, la réalité du monde et y chercher le Bien Conclusion Le Statuaire et la Statue de Jupiter révèle une fois encore les talents de conteur de La Fontaine qui sait que son lecteur sera d'abord fasciné par l'illusion qui lui est proposée. Si l'Homme est encore un enfant qui se laisse abuser par ses créations, il est aussi celui qui, comme l'assemblée grecque dans Le pouvoir des fables (Livre IV, Fable se donne entier à l'orateur qui a réussi à retenir son attention avec sa fable. [...]
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