Jean de Sponde est un poète du XVIème siècle connu pour ses sonnets d'amour baroques. Il a d'abord renié sa religion comme Henri IV qui l'employait dans son administration puis, renié par le roi et par ses pairs protestants, il est mort dans la misère. Le sonnet que nous étudions ici est extrait de son recueil posthume Les Amours (1598) qui rassemble de nombreux poèmes sur l'amour et la mort. Comment l'auteur illustre-t-il de façon baroque le déchirement amoureux ? Nous verrons tout d'abord qu'il nous présente un dilemme puis ses effets contrastés sur le poète.
[...] La "guerre civile" ( v1) est un conflit intérieur comme l'atteste l'indice spatial "dedans". Il utilise cette métaphore que justifie l'histoire du pays déchiré par les guerres de religions entre catholiques et protestants dont le paroxysme est le massacre de la sainte Barthélémy (1572). Le poète est partagé entre sa "raison" ( v 2, 7, 11, 14) et ses "sens" (v 2, 5, 9 ,13) repris par les noms "coeur" ( v6) et "ardeurs" ( v10). Ces partis sont présentés par un chiasme au vers 2 où "d'un parti" au début du vers est repris par "d'autre parti" à la fin du vers et où "ma raison" et "mes sens" s'opposent au milieu du vers (...)
[...] La métaphore finale peut être interprétée de deux façons: on peut y voir que la raison vainc le cœur en le transperçant avec une épée ou qu'elle plante 14) l'étendard de la victoire sur le terrain reconquis. Le E majuscule renvoie à Rome 12) pour montrer l'importance de la reconquête. Conclusion : Jean de Sponde, dans ce sonnet pétrarquiste, décrit le déchirement amoureux par la métaphore du duel cœur/raison qui déguise la réalité au moyen d'images illusoires. De ce mouvement typiquement baroque, le poète au début souffrant de sa soumission aux sens, finit par se révolter et reconquiert sa raison. [...]
[...] Le cœur renvoie à l'amour qui est un topos dans son recueil comme dans les sonnets de la Renaissance d'inspiration pétrarquiste. Le groupe nominal éloigné flambeau 10) désigne la femme aimée qui reste distante. Donc la passion comme la souffrance sont représentées métaphoriquement par le feu car tous deux l'anéantissent. Enfin, l'union de l'assonance en en et de l'allitération en r marque l'intériorité et l'agressivité rageuse de ce combat. La révolte Dans le dernier tercet, le discours injonctif témoigne de la volonté du poète de l'emporter sur ses sens. [...]
[...] La métaphore du duel s'appuie sur un jeu d'oppositions et une régularité de la métrique alexandrins et du rythme 6/6 - qui structurent tout le sonnet. L'évolution du rapport de force Au début du sonnet, les deux partis semblent lutter d'égal à égal. Cependant, la conjonction de coordination d'opposition Mais peut laisser penser au lecteur que la raison va l'emporter sur les sens parce qu'elle est qualifiée dans un rythme ternaire de parti plus fort , plus juste et plus utile donc à même de vaincre les sens dont le verre est si fragile 5). [...]
[...] Jean de Sponde, Sonnet Les Amours (1598) Introduction : Jean de Sponde est un poète du XVI ème siècle connu pour ses sonnets d'amour baroques. Il a d'abord renié sa religion comme Henri IV qui l'employait dans son administration puis, renié par le roi et par ses pairs protestants, il est mort dans la misère. Le sonnet que nous étudions ici est extrait de son recueil posthume Les Amours (1598) qui rassemble de nombreux poèmes sur l'amour et la mort. [...]
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