Commentaire composé visant à extraire à travers ces quatre poèmes de Les Fleurs du Mal (LXXV-LXXVI-LXXVII-LXXVIII) la véritable source du spleen baudelairien. Il évoque sa vision du monde, son mal-être et la souffrance d'un poète sans inspiration.
[...] Les Fleurs du Mal Spleen (poème 75,76,77 et 78) A travers ces quatre poèmes, dotés d'une lenteur rythmique, Baudelaire nous fait explorer un paysage sombre, dont la couleur varie entre le pastel ou le noir, un paysage qui sombre dans une profonde inertie. Et c'est alors que peu à peu, ces mêmes caractéristiques apparaissent au cœur de l'artiste. Un artiste qui devient prisonnier de son spleen, de son ennui. Ainsi, nos quatre poèmes, se terminent-ils par un échec : celui de la défaite de l'esprit créateur sur la mortelle réalité. Comment finalement, le monde, les sensations et les métaphores du poète se font écho et illustre la mort du poète, le vide poétique ? [...]
[...] Mort, abandon, faiblesse et ennui ont eu raison d'un Baudelaire dont l'esprit gémissant en proie à de longs ennuis ne peut plus s'élever au dessus de la réalité. L'âme d'un vieux poète erre dans la gouttière Avec la triste voix d'un fantôme frileux Le regard du poète ne permet plus de créer entre le réel et le divin cette symbiose qui fait l'œuvre, cette unité qui fait ressortir le Beau. Les deux composantes semblent en effet à jamais scindées : Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement. [...]
[...] C'est un être surchargé par le poids de son vécu qui se dessine à présent dans son inertie. L'énumération de choses ramène à des archives encombrantes et devenues inutiles. Le mouvement libérateur et rajeunissant de la création n'est plus. Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,/ Où gît tout un fouillis de modes surannées, / Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher, / Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché. L'aspect statique, surabondant et figé dans un passé révolu est encore présent au cœur de cette métaphore. [...]
[...] Et là encore le renouvellement créateur n'est plus. Le poète dénonce lui-même avec la force des images de ces deux métaphores sa propre infertilité créatrice, et la poussière qui semble, dans les deux cas, avoir pris le pas sur un mouvement du monde. -Désormais tu n'es plus, ô matière vivante ! Qu''un granit entouré d'une vague d'épouvante, Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux Et c'est bien sous les traits d'un mort qu'il se dessine à la fin du poème LXXVII, les traits de ce jeune squelette que plus rien ne peut ressusciter Le savant ( ) n'a su réchauffer ce cadavre hébété Où coule au lieu de sang l'eau verte du Léthé L'ennui est la cause de sa léthargie, sa mort prématurée. [...]
[...] Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ( ) Et que l'horizon embrassant tout le cercle ( ) Quand la terre est changée en un cachot humide Mais le plus grand tombeau est encore pour lui, celui qui est en lui : «C'est [mon triste cerveau] une pyramide, un immense caveau, Qui contient plus de morts que la fosse commune. Cette absence de liberté extérieure se répercute en dedans et en chacun de nous : ( ) un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux De même l'évocation du voisin cimetière trouve un écho intérieur dans le poème suivant : Je suis un cimetière abhorré de la lune Ainsi, les traits du monde extérieur froid, fermé et mourant se retrouvent présents dans l'intériorité du poète prisonnier de sa triste vision du monde. [...]
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