Spectacle (1949), Le Chanson des sardinières, Jacques Prévert, texte poétique, champ lexical enfantin, allégorie, comptine, critique politique, dénouement final, univers fantastique, figure de style, construction des strophes, classe ouvrière
Jacques Prévert est un poète français du XXe siècle découvert grâce à son ouvrage "Parole". La "Chanson des sardinières" est un poème extrait du recueil "Spectacle" paru en 1949. Ce texte engagé datant d'après la révolution industrielle remet subtilement en question les classes sociales. Mais comment Prévert réussit-il à dénoncer un des travers de la société tout en donnant à son texte des allures de comptine ? Nous étudierons les procédés qu'utilise l'auteur pour rendre son poème enfantin puis nous analyserons la critique politique introduite.
Pour commencer, ce texte poétique a les apparences d'une ronde enfantine. Prévert emploie de multiples moyens pour faire de ces trente-et-un vers une comptine très organisée. En effet, la "Chanson" est délimitée par une même strophe qui se retrouve en début et fin de texte. Ceci montre la structure en boucle du poème : une danse sans fin qui se répète encore et encore... L'impératif "tournez" est d'ailleurs cinq fois présent dans la strophe et incite les danseurs à ne jamais s'arrêter.
[...] Cette dernière impression est donnée par l'énonciation dans le poème. L'auteur semble apostropher les «petites filles» sans arrêt; la deuxième personne du pluriel est constamment employée et tout tourne autour des enfants. Mais cela dépend du point de vue du lecteur et de son interprétation. Le but du poète est de provoquer des interrogations et de susciter l'intérêt de tous. Le choix revient alors au lecteur . Pour conclure, Prévert donne à son texte des allures de comptine en créant des rimes simples, des répétitions et un univers fantastique par l'utilisation du champs lexical de celui-ci. [...]
[...] Prévert, lui, s'en tient à la suite logique et trace un destin malheureux aux fillettes. Mais, étant donné que le poète parle de l'ensemble des contes, il fait sans doute aussi allusion aux faux espoirs engendrés par ceux-ci et suscités chez les enfants de basses classes. Les prédictions magiques seraient des mensonges dans le cas de la fin heureuse et un comble si elles se réalisaient . Somme toute, le poème est lieu d'un mélange des genres entre la fiction et la réalité, notamment dans la deuxième strophe. [...]
[...] Ceci montre la structure en boucle du poème: une danse sans fin qui se répète encore et encore . l'impératif «tournez» est d'ailleurs cinq fois présent dans la strophe et incite les danseurs à ne jamais s'arrêter. Qui plus est, l'auteur s'adresse directement à des «petites filles» dans la première strophe, et la deuxième strophe du poème instaure une ambiance féerique en faisant référence au conte de La belle au bois dormant. Les «fées», le «château» et les «berceaux» ramènent à un univers enfantin qui appuie la première impression de comptine. [...]
[...] Il crée une paronymie sous forme de rime grâce à l'emploie des termes «barriques» et «fabriques» tout en se souciant du caractère industriel des deux mots. En plus de leur ressemblance, ceux-ci sont les seuls à diverger dans la première et la dernière strophe qui sont elles pratiquement inchangées à l'image de la situation des petites filles. Ainsi, le poète marque une évolution entre le début et la fin du texte représentant la vie des enfants, il passe de leur présent à leur futur en une avancée chronologique. [...]
[...] Il remet en doute la sincérité des «fées» de l'histoire et paraît souhaiter aux fillettes un mauvais avenir. La féerie s'effondre pour laisser la réalité reprendre le dessus. L'auteur détourne ensuite la formule du conte à partir de la troisième strophe; dès lors on comprend qu'il s'attaque à tous les récits à la fin heureuse. «Il vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants» est désormais adressé aux petites filles devenues mères mais Prévert en change complètement le sens. C'est le terme «malheureuses» qui diffère et remplace «heureux», donnant une toute autre tournure à la phrase . [...]
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