Pierre de Ronsard, le poète humaniste et ambitieux de la Pléiade, publie la première version des Sonnets pour Hélène en 1578. Ce recueil est composé de cent onze sonnets dédiés à Hélène de Surgères, une courtisane que la reine Catherine De Médicis invite Ronsard à célébrer, et avec laquelle il semble fantasmer une relation. Dans ce sonnet, Ronsard se projette après sa mort, dans un futur glorieux qu'il espère. Il image Hélène vieille, regrettant d'avoir traité son amour avec dédain, une indifférence que le poète lui reproche aussi dans « Adieu, cruelle, Adieu ».
Comment la poésie fait-elle l'éloge du poète et montre que son œuvre est intemporelle ?
[...] Il ne s'agit donc nullement de l'enfer (qui correspond dans l'antiquité au Tartare), mais à un royaume des morts qui lui est agréable ? De plus, malgré sa mort, Ronsard reste une ombre, un fantôme omniprésent. Ronsard se pose en héron immortel de la littérature. Il utilise également Hélène afin de surélever sa position et sa personne par comparaison et opposition. Mais, en se glorifiant en tant que poète, Ronsard fait l'éloge de tout le genre poétique pareillement. III) Éloge de la poésie 1/La poésie est célébrée par Ronsard. [...]
[...] Ronsard utilise aussi la métaphore de la chandelle : le temps qui s'écoule serait comme la bougie qui se consume. La forme très rythmée et codifiée de ce poème, ainsi que le maniement habile et sans limites du temps, montre à quel point celui-ci est au cœur du poème et des considérations de Ronsard, notamment parce que son art lui survit. La philosophie de vie proposée par Ronsard à la fin de son poème donne au sonnet et donc à son auteur une dimension intemporelle. On peut donc considérer que Ronsard et son œuvre sont pérennes. [...]
[...] Ronsard veut nous convaincre de jouir de la vie en épicuriens, car celle-ci est trop courte et il ne faut rien regretter. Le dernier vers Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain est un lieu commun de la morale épicurienne, le Carpe Diem qui signifie Cueille le jour On peut également observer que le poète utilise un rejet pour renforcer le vers 12-le plaçant au début du dernier tercet. Il met ainsi en valeur l'opposition entre l'amour de Ronsard et le dédain d'Hélène, qu'elle regrettera selon l'auteur. [...]
[...] Nous pouvons donc en déduire que la poésie permet bien à l'artiste et à son œuvre de traverser le temps sans risquer d'être affectés par ce dernier ni de perdre leur valeur initiale. Dans ce sonnet, comme dans tout le recueil, Pierre de Ronsard est inspiré par Hélène pour créer des sonnets. Il prend ici pour modèle Pétrarque, grand poète et humaniste, qui dès le XIVe siècle (soit plus de deux cents ans avant Ronsard) écrivent de nombreux poèmes dans lesquelles il fait rimer son amour pour Laure. C'est par amour pour une femme qu'ils produisent tous deux des poèmes qui traversent les âges. [...]
[...] La poésie permet aussi de délivrer une morale énoncée au moyen des impératifs vivez n'attendez et cueillez et de dispenser un apprentissage au lecteur (v13-14). Conclusion : En conclusion, ce sonnet est propice à l'éloge de l'épicurisme et du genre poétique. Ronsard y place la fuite du temps au cœur de ses considérations ; et l'homme ne peut lui échapper que par l'art, car l'artiste est immortel et son poème intemporel. Hélène ne peut donc que regretter d'avoir rejeté Ronsard. [...]
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