Ce sonnet fut écrit par Louise Labé en 1555. Cet auteur du XVIème siècle appartenait à l'Ecole Lyonnaise, groupe littéraire sous l'influence de la littérature italienne (à l'opposé de la Pléiade). Elle écrit ses poèmes à une époque où la production poétique est intense. En effet, la poésie française se donne alors des bases théoriques avec Du Bellay et se met en place avec Ronsard entre autres (...)
[...] Louise Labé (v. 1524-1566), Sonnets, VIII Je vis, je meurs : je me brûle et me noie, J'ai chaud extrême en endurant froidure ; La vie m'est et trop molle et trop dure, J'ai grands ennuis entremêlés de joie. Tout en un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j'endure, Mon bien s'en va, et à jamais il dure, Tout en un coup je sèche et je verdoie. Ainsi Amour inconstamment me mène Et, quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine. [...]
[...] L'amour peut décider du cours de l'existence. La menace de la ruine et de la souffrance qu'Amour fait peser sur l'être est montrée d'abord dans le poème pars des rythmes binaires (mouvement balancier) puis par des adverbes de temps. Amour entre dans l'ame par surprise tout à un coup v5 et entraine l'être dans un mouvement vertical du haut vers le bas (v13-14) et du present vers le passé (en mon premier malheur On observe alors même une déroute du temps (v8 : je sèche et je verdoie. [...]
[...] Il y a une antithèse avec les images. En effet, l'amour est, dans un premier temps, associé au feu ou une flamme puis aux flots. Il brûle et engloutit l'être, lui fait connaître simultanément le chaud et le froid je me brûle et me noie/ j'ai chaud extrême en endurant froidure Selon un procédé d'accumulation (qui s'étend sur les 2 quatrains) s'ajoutent à ces premières atteintes physique de nouvelles sensations : plaisir maint grief tourment j'endure trop molle et trop dure L'image du v8 : Tout en un coup je sèche et je verdoie» permet de glisser de la sensation au sentiment. [...]
[...] La régularité rythmique du premier quatrain permet d'ouvrir le chant avec mesure Au deuxième quatrain, la coupe est la même mais le rythme est bouleversé par les adverbes de temps et les sonorités allitérantes k. La multiplication des monosyllabes contribue à hacher le chant du poète. Au vers le hiatus suggère un bruit de douleur semblable à un cri . Le poète révèle son désarroi face à un phénomène contre lequel il ne peut rien. L'amour fait douter de tout, des sentiments et des pensées (2ème tercets) : douleur malheurs compose un nouvel être métamorphosé en flamme ou en flot. [...]
[...] En effet, elle ne se sent pas aimer, ne regrette pas d'aimer, ni ne juge l'Amour quelle ressent. Par ailleurs c'est une confidence impudique car aucune femme n'ose s'exprimer ainsi et dévoiler ses sentiments à cette époque. C'est donc à travers elle que s'exprime toute femme amoureuse. [...]
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