Notre extrait se trouve au début de la scène 2 de l'acte II. Oberon a demandé à Puck d'appliquer sur les yeux de Démétrius le suc d'une plante magique, afin qu'il tombe amoureux d'Helena qui le poursuit et à laquelle il préfère Hermia. Hermia et Lysandre viennent de s'enfuir pour échapper à la volonté paternelle ; cette situation et leurs attitudes font d'eux des amoureux archétypaux, galants. Ils s'endorment. Puck survient et applique par erreur la plante sur les yeux de Lysandre. Cet élément est déclencheur d'un déséquilibre, d'un bouleversement au sein des couples, puisque Lysandre, en se réveillant, voit en premier Helena et en tombe amoureux sur l'effet de l'illusion. Hermia se réveille à son tour, pressentant le caractère sinistre de cette situation.
L'acte II s'achève sur l'angoisse d'Hermia. Il y a une déconstruction de la situation galante traditionnelle. Les amants, loin de se rapprocher, ne s'éloignent que plus. L'amour se déconstruit et se reconstruit, mais sous l'effet de l'illusion.
L'illusion baroque est au cœur de ce passage, elle en est un élément perturbateur : Puck se trompe d'Athénien, Lysandre se trompe d'amoureuse. Seul le songe d'Hermia comporte en soi une trace de vérité : "J'ai cru qu'un serpent me dévorait le cœur et que tu assistais souriant à cet assaut cruel".
Nous verrons en quoi l'illusion baroque est au service d'une parodie et d'une recréation des personnages traditionnels d'amoureux.
[...] Les amants loin de se rapprocher ne s'éloignent que plus. L'amour se déconstruit et se reconstruit mais sur l'effet de l'illusion. L'illusion baroque est au cœur de ce passage elle est un élément perturbateur : Puck se trompe d'Athénien, Lysandre se trompe d'amoureuse. Seul le songe d'Hermia comporte en lui une trace de vérité : J'ai cru qu'un serpent me dévorait le cœur et que tu assistais souriant à cet assaut cruel. Nous verrons en quoi l'illusion baroque est au service d'une parodie et d'une re-création des personnages traditionnels d'amoureux. [...]
[...] Angoisse et souffrance marquent ces amours malheureuses. Témoin le cauchemar d'Hermia j'ai cru qu'un serpent me dévorait le cœur et que tu assistais souriant à cet assaut cruel ou encore le désespoir d'Hermia : N'est-ce pas assez que je ne puisse jamais obtenir un doux regard de Demetrius ; faut-il encore que vous ralliiez ma médiocrité ? Finalement, les personnages sont plus ancrés dans le réel que ne l'indiquerait la situation initiale et même le titre de l'œuvre. C'est donc par l'illusion que Shakespeare parvient à faire accéder le spectateur à la réalité et lui permet de comprendre le monde. [...]
[...] Lysandre utilise toujours le langage religieux, en parlant d'Hermia il dit : so Thou, my surfeit and my heresy/ Of all be hated, but the most of me ! Le changement se fait soudain, de la même manière que Lysandre se réveille soudainement, comme le dit la didascalie. Lysandre commence sa tirade amoureuse pour Helena par and comme s'il ne s'était jamais endormi et qu'il ne l'avait jamais fini. Cette apparente continuité n'est pas anodine. Lysandre nie avoir aimé Hermia, c'est Helena que j'aime et non Hermia. [...]
[...] Le langage amoureux est grandiloquent : ce sont deux âmes enchainées par serment, deux âmes et même foi puisse ton amour durer aussi longtemps que ta précieuse vie Ce langage est en fait hyperbolisé : je voulais dire que mon cœur est si bien lié au vôtre que tous deux n'en font qu'un la raison me dit que vous êtes la plus précieuse etc.Les sobriquets, on l'a vu, sont nombreux, on pourrait même dire qu'ils saturent le texte. Dans une perspective parodique, Shakespeare force le trait. On pourra noter aussi que les héros menacent à de nombreuses reprises de se tuer par amour. [...]
[...] Lysandre représente l'inconstance amoureuse que l'on retrouve dans les pastorales qui ont inspiré les baroques, mais cette inconstance est exacerbée. Cela annonce la volonté de Shakespeare de rompre avec ce qui est stable notamment dans le domaine littéraire. L'illusion Tout comme l'inconstance, la mise en place d'une illusion éminemment baroque contribue à rendre floues les limites génériques afin de les remodeler et de les renouveler par la suite. On peut noter que les vers prononcés par les amoureux sont des décasyllabes. [...]
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