Les sirènes de Bagdad, Yasmina Khadra, souvenir, terrorisme, Bagdad, guerre, Habbeytek, commentaire
L'observation d'Antoine Roquentin, dans La Nausée de Jean-Paul Sartre, est celle-ci : « Exister, c'est être là, simplement ; les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les détruire. » Pour le narrateur, ce chapitre des Sirènes de Bagdad est un instant décisif dans l'établissement de ses projets de mort. Le moment clef, où il s'apprête à remettre en cause l'existence d'autrui. Le long du trajet qui doit le mener à l'aéroport puis vers Londres est l'occasion de tester sa détermination, et plonge cette première personne dans des réflexions et des observations personnelles. Yasmina Khadra nous dévoile les constatations du narrateur, qui vont l'amener à réviser ses intentions et sa légitimité à décider de l'existence, que ce soit celle des autres, ou la sienne.
[...] Les sirènes de Bagdad Yasmina Khadra - Extrait de la page 308 "La réception m'informe que . " à la page 313 "L'écran au- dessus . " Sommaire 1. La question du souvenir 2. La distanciation par rapport au vivant et l'impossibilité de s'en soustraire 3. Le recul face à la guerre par la confrontation aux pensées omniprésentes de la violence et de la mort. L'observation d'Antoine Roquentin, dans La Nausée de Jean-Paul Sartre, est celle-ci : « Exister, c'est être là, simplement ; les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les détruire. » Pour le narrateur, ce chapitre des Sirènes de Bagdad est un instant décisif dans l'établissement de ses projets de mort. [...]
[...] Juste après avoir constaté cette déception à travers ses yeux, le narrateur parlera même de dans l'âme ». Le vocabulaire qu'il emploie est par ailleurs très tendre, favorisant le terme de pour décrire l'homme d'un couple de futurs parents plutôt que celui de Il emploie l'expression « couver du regard » à son sujet, le terme de couver symbolisant un endroit chaud et duveteux. Voyant un couple de types européen », faisant attention à leur style vestimentaire et leurs embrassades, il ira dans la métaphore bucolique en comparant la couleur des cheveux de la jeune fille à une de Toujours avec tendresse, il est admiratif : étreinte est passionnée, belle, généreuse. » Il ira jusqu'à parler de cette manière des objets, leur donnant également une âme : l'homme retardataire voit le grincement de sa valise affubler de l'adjectif « mélancolique ». [...]
[...] Cette omniprésence de la violence est donc par anticipation une répercussion du projet d'attentat du héros, que ce soit sur le monde qui l'entoure ou sur son esprit. À l'omniprésence de la violence, s'ajoute une seconde omniprésence qui découle de l'anticipation de l'attentat. Il s'agit de celle de la mort. On trouve une première évocation de la mort dans la succession de question rhétorique « Qu'est-ce que j'y laisse ? /Qu'est-ce que j'emporte ? /Mes fantômes vont-ils me suivre, mes souvenirs sauront-ils se débrouiller sans qui sont l'invitation à un compte-rendu final avant l'attentat. [...]
[...] Les cris de Jalal sont ensuite comparés à d'une hydre blessée », le narrateur devient alors figure mythologique en lutte face au monstre qu'est l'hydre, le choix de l'hydre est de plus parlant désignant un mal qui enfle constamment et ceux par les efforts mêmes servant à l'éliminer. Il en découle alors que le narrateur bien qu'ayant éliminé Jalal ne se débarrasse pas du mal causé par ce dernier pour autant. Les différentes têtes de l'hydre sont les étudiants qu'il a formés à l'intégrisme et la violence est placée par là comme grandissante et toujours à venir. L'aéroport est également transfiguré par l'évocation de la violence guerrière. [...]
[...] Ainsi, voix féminine nasille », jeune agent en uniforme », sont chacun indifférenciés. Ce refus de l'individualité semble se clore par le sommeil du narrateur, qui se réveille dans une marée humaine. En effet, deux mouvements sont clairement distincts dans cet extrait, que l'on peut analyser de manière linéaire. Si le sujet de l'évitement a déjà été abordé, reste celui de la confrontation. Une marée d'informations accule alors le narrateur, et il se montre d'autant plus précis qu'avant dans ses descriptions. Son attention ne va pas seulement au physique des individus, mais également à leurs actions. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture