Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (extrait)

Résumé du document

Simone de Beauvoir naît à paris en 1908. Très vite, elle cherche à s'émanciper d'un milieu familial bourgeois, et du conformisme d'une époque que décriront plus tard ses Mémoires. Révoltée par les préjugés d'une société qu'elle ne comprend pas, elle se réfugie dans les études, durant lesquelles elle fait la connaissance de Sartre. Devenue sa compagne, les articles qu'elle publie à ses côtés dans la revue "Les Temps Modernes" font d'elle une figure majeure de l'engagement politique et idéologique de l'après-guerre. En 1949, elle publie Le Deuxième Sexe, précieuse analyse de la condition féminine. C'est cet essai qui la place en figure majeure du féminisme dans la seconde moitié du siècle. Dans cet extrait, elle répond à ceux qui s'étonnent du petit nombre de génies artistiques féminins en définissant les données du problème. Nous pouvons ainsi nous demander dans quelle mesure De Beauvoir utilise brillamment la rhétorique argumentative pour engager une réflexion moderne sur la place des femmes dans la société et dans les sphères intellectuelles. Pour tenter de répondre à cette question, nous étudierons tout d'abord en quoi l'auteur propose un essai, au cours duquel elle développe une argumentation basée sur de solides références ; puis nous nous intéresserons à l'engagement féministe sous-jacent dans cet extrait.

Extraits

[...] Écrit par une femme et contenant de tels propos, cet essai fut largement contesté, mais également approuvé. Ainsi, l'œuvre de de Beauvoir, alliée à celle de Sartre, pose les problèmes existentiels de l'époque. Cependant, cinquante ans après la parution de cet ouvrage, nous pouvons nous interroger sur l'impact de cet essai, et la réelle place accordée aux femmes de la société contemporaine. [...]

[...] Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (extrait) 1 Comment les femmes auraient-elles jamais eu du génie alors que toute possibilité d'accomplir une œuvre géniale - ou même, une œuvre tout court - leur était refusée? La vieille Europe a naguère accablé de son mépris les Américains barbares qui ne possédaient ni artistes ni écrivains: Laissez-nous 5 exister avant de nous demander de justifier notre existence répondit en substance Jefferson. Les Noirs font les mêmes réponses aux racistes qui leur reprochent de n'avoir produit ni un Whitman ni un Melville. [...]

[...] La négation il n'est pas sûr (l.16) et l'hyperbole se hasarder à des anticipations bien hardies (l.18) prouve que l'auteur prend ses distances: elle sait que le combat n'est pas des moindres et que le chemin est encore long. Ainsi dans cet extrait du Deuxième Sexe, Simone de Beauvoir cherche à persuader toute une population, toute une génération de l'inadmissible statut de la femme dans la société. C'est au travers d'exemples concluant qu'elle incite à un bouleversement culturel. Simone de Beauvoir fait ici un grand pas dans l'évolution de la reconnaissance de la Femme. [...]

[...] Des propos qui n'obéissent à aucun ordre apparent: Simone de Beauvoir rédige spontanément, en retranscrivant ses pensées comme elles lui viennent. One le remarque par l'absence de connecteurs logiques, mais aussi par le passage du passé - passé composé a accablé imparfait possédaient passé simple répondit (l.5) - au présent, avec le présent de vérité générale font (l.6) et est (l.21). L'auteur prend la liberté d'enchaîner ses pensées sans réelle structure. L'essai est inachevé, mais interminable: le lecteur a la possibilité de faire des ajouts à l'infini. [...]

[...] En employant le terme prophétie (l.10), elle nous présente Rimbaud comme un visionnaire: elle a foi en l'émancipation de la femme. Elle croit en l'avenir. Ce changement, cette évolution qu'elle espère et qu'elle revendique se retrouve au cours des lignes jusqu'à un appel au changement. Les modalisateurs, tels que jusqu'ici (l.20), il est grand temps (l.21) et enfin (l.22) sont une tentative de transition entre la Femme opprimée et la Femme qui acquiert sa liberté. De Beauvoir, essayiste, est attentive aux mœurs de la société contemporaine. [...]