Simmel a étudié dans la section 1 l'argent comme outil universel.
Il a analysé d'abord les mécanismes psycho-physiologiques qui sont à l'origine de la culture. Puis il a montré comment la monnaie, d'outil des échanges est devenue un moyen absolu, valeur de toutes les valeurs et symbole de la liberté. D'abord au service de l'ordre social, il a mis la société à son service.
Après cette analyse historique et sociologique de l'argent, Simmel étudie dans la section 2 les conséquences pour la vie de ce rôle souverain de l'argent. Quel système de valeurs l'argent favorise-t-il ?
I - Rationalité de l'argent, préférences et choix (p.112-129)
Le rôle de l'argent concerne ici, non pas sa fonction collective et historique mais sa signification pour les individus. Si l'argent structure la culture, il agit rétroactivement sur la vie des individus. Simmel étudie, non plus l'origine de la puissance de l'argent, mais les manifestations de son pouvoir sur les hommes.
A) Le transfert de valeur de la fin sur le moyen.
a) Le transfert de valeurs.
La première observation, psychologique, consiste à montrer le « transfert de valeur » que l'esprit opère à partir d'un objet sur toute la série qui lui est liée. C'est le principe de « l'expansion des qualités » (p.112). L'argent est utile à la vie ; l'argent est utile en soi. Nous lui accordons une signification qu'il ne possède pas, mais à laquelle il est lié. L'objet d'une série peut acquérir les qualités des objets desquels il est proche, et se séparer de sa fonction de moyen pour se charger de la signification de la valeur.
« (...) le sentiment de valeur que suscite un élément particulier circule, pour ainsi dire, de la racine commune du système aux autres également, alors que ces éléments sont en soi étrangers à ce sentiment. » (p.113)
Ex : L'avare aime l'argent pour lui-même et non comme un outil propre à satisfaire ses désirs. (...)
[...] Aussi l'action humaine est-elle guidée par des désirs irrationnels, inaccessibles. Et l'esprit fait du moyen (l'argent) une fin, qui par son caractère abstrait, illimité dans ses pouvoirs, représente et matérialise une fin spirituelle insaisissable. . ce que nous nommons objectif final plane au-dessus des séries, et qu'il est vis-à-vis d'elle comme l'horizon vis-à-vis des chemins terrestres : ils vont dans sa direction, mais il demeure toujours aussi lointain devant eux après la marche la plus longue. (p.130) Ainsi la voie des volontés (p.131) est illimitée, et l'importance acquise par le moyen est-elle compréhensible. [...]
[...] L'argent, de moyen absolu, devient une fin absolue (p.123) On comprend l'importance du rôle de l'argent dans l'action humaine. . l'argent est l'instance intermédiaire de la vie qui réalise cette antidatation du but final avec le plus de démesure et de radicalité. (p.122) II en résulte une augmentation de la valeur subjective accordée à l'argent : Tandis que la valeur de moyen s'accroît, sa valeur s'accroît aussi en tant que moyen, et tellement plus haut qu'il passe pour la valeur par excellence . [...]
[...] Le transfert de valeur de la fin sur le moyen. Le transfert de valeurs. La première observation, psychologique, consiste à montrer le transfert de valeur que l'esprit opère à partir d'un objet sur toute la série qui lui est liée. C'est le principe de l'expansion des qualités (p.112). L'argent est utile à la vie ; l'argent est utile en soi. Nous lui accordons une signification qu'il ne possède pas, mais à laquelle il est lié. L'objet d'une série peut acquérir les qualités des objets desquels il est proche, et se séparer de sa fonction de moyen pour se charger de la signification de la valeur. [...]
[...] Simmel distingue valeur absolue et valeur relative : la première concerne le but projeté : celui-ci marque un aboutissement ; la seconde concerne le moyen (qui se colore de la valeur finale de l'objet désiré) : celui-ci cesse d'avoir de la valeur lorsque le but est atteint et qu'il n'a donc plus de fonction. Cette opposition cependant ne coïncide pas avec l'opposition entre valeur objective et valeur subjective. L'individu met en œuvre deux types d'énergie, différentes dans l'un et l'autre cas. La finalité poursuivie implique un acte de volonté spontanée. Le moyen utilisé suppose une connaissance théorique. Le premier acte est libre en nous ; nous sommes esclaves du second (Faust) ( cité par Simmel p.116) Moyen = Objectif final . Cependant, il arrive souvent que le moyen devienne l'objectif final. [...]
[...] En fait, la tâche pratique véritable, c'est précisément la fabrication des moyens. Plus on la résout profondément, plus l'objectif final se passera de l'effort de la volonté pour se présenter comme l'effet mécanique du moyen. (p.119) Cette économie d'énergie est à l'origine des extraordinaires progrès de l'humanité. L'application de l'énergie à la mise en œuvre des moyens a permis et permet une efficacité que la prééminence accordée au but final n'aurait jamais pu produire. Ceci est d'autant plus vrai que la complexité technique sans cesse grandissante de nos sociétés rend les buts existentiels de plus en plus difficiles à atteindre, c'est-à-dire qu'ils requièrent une infrastructure toujours plus importante de moyens. [...]
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