Colette, "Sido", "Car j'aimais tant l'aube..." : commentaire

Résumé du document

Sido est une oeuvre de Sidonie-Gabrielle Colette publiée en 1930 regroupant ses souvenirs d'adolescente. Colette raconte comment son adolescence a forgé sa personnalité durant cette période décrite comme un âge d'or dans sa vie.

2.1 Le portrait d'une enfant amoureuse de la nature

Par petites touches successives, l'auteur brosse son propre portrait, ce qui est une fonction habituelle de l'autobiographie (...)

Extraits

[...] La dernière phrase, très belle, très émouvante, réunit, dans la saveur perdue et retrouvée de l'eau de la source, l'enfance, le présent et la mort future L'ECRITURE AUTOBIOGRAPHIQUE Elle a différents objectifs : - l'hommage à sa mère, - l'autoportrait, - la réflexion sur le temps, - la vision du monde : approche sensuelle et sensible; appréhension physique du monde, - la transformation de sa vie en œuvre : page poétique et émouvante - la réflexion sur l'écriture, sur sa capacité à recréer le monde Conclusion Dans ce texte, Colette nous dresse le portrait d'une enfant privilégiée. Elle assiste à la naissance du monde chaque matin, pendant que les autres enfants dorment encore. Elle nous fait part de son enfance, de ce monde qui a disparu avec le temps. [...]

[...] Comme disait Proust, "L'odeur et la saveur restent longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir", "Mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps", la description de la saveur de l'eau, toute en notation délicates ("feuille de chêne, fer, jacinthe") L'évocation de la nature L'AUBE L'aube et ses connotations de fraîcheur, de pureté, de jeunesse. C'est un moment privilégié où "tout dormait". Colette insiste sur cet instant où le monde semble naître. On note la répétition de l'adjectif premier ("premier souffle, premier oiseau, première messe"). On remarque également la splendide métaphore du soleil assimilé à un œuf qui éclôt. Nous avons le sentiment d'assister à la création du monde L'IMPORTANCE DU THEME DE L'EAU Le monde baigne encore dans un "bleu humide", dans l'humidité du brouillard. [...]

[...] C'est pour elle "une récompense". Elle est consciente d'une forme de "supériorité" sur les autres "enfants endormis". Il n'y a pas de la vanité dans cette remarque mais le sentiment d'avoir le monde pour elle seule et d'en profiter avant tout le monde. On peut qualifier Colette de gourmande, solitaire, autonome, curieuse, heureuse ("grâce indicible"), libre, aimée de sa mère, etc. Elle est surtout habitée par un amour profond de la nature CELLE-CI EST APPREHENDEE A TRAVERS UNE SENSIBILITE EXACERBEE L'ensemble du clavier sensoriel est mis à contribution : La vue - couleurs : bleu, verdure, blond, narcisses) - formes : soleil ovale, narcisses fleuris en cercle, en "ronde", préfère dire l'auteur dans une image touchante par son côté enfantin. [...]

[...] Il y a un lien extrêmement fort, "état de grâce indicible" et que la narratrice s'emploie pourtant à dire : miracle de l'écriture qui par la réminiscence ré-enchante le monde et le fait renaître L'écriture autobiographique LE JEU DES TEMPS L'imparfait d'habitude donne l'impression d'éternité, d'une scène répétée à l'infini, d'une enfance destinée à durer indéfiniment. Chaque matin, Colette assiste à la naissance de l'univers, comme si la création du monde, par elle mise en mouvement, se répétait à l'infini. Le présent d'énonciation indique la présence de la narratrice. [...]

[...] Je revenais à la cloche de la première messe. Mais pas avant d'avoir mangé mon saoul, pas avant d'avoir, dans les bois, décrit un grand circuit de chien qui chasse seul, et goûté l'eau de 20 deux sources perdues, que je révérais. L'une se haussait hors de la terre par une convulsion cristalline, une sorte de sanglot, qui traçait elle-même son lit sableux. Elle se décourageait aussitôt née et replongeait sous la terre. L'autre source, presque invisible, froissait l'herbe comme un serpent, s'étalait secrète au centre d'un pré où des narcisses, fleuris en ronde, attestaient seuls sa présence. [...]