La date de première représentation de Roméo et Juliette est inconnue mais probablement antérieure de quelques années à 1597, date de première édition. Elle rencontre dès le début un grand succès et reste, avec Hamlet, l'une des pièces les plus jouées de Shakespeare. Au moment où commence la scène 2 du deuxième acte, la première rencontre et le coup de foudre ont déjà eu lieu. Juliette a accordé deux baisers et, comme l'affirme le proverbe italien, "Celui qui gagne un baiser et ne prend pas le reste mérite de perdre ce qu'il a gagné ". Il faut donc que l'action progresse. Or Shakespeare ne peut simplement réitérer une série de tendres échanges qui resteraient vides de sens au théâtre, par manque d'éléments nouveaux. On sait déjà Juliette promise à l'élégant Pâris, pour une alliance imminente qui revêt une grande importance aussi bien patrimoniale que tactique pour le clan Capulet : c'est le premier obstacle, qu'il va falloir lever rapidement. Le deuxième élément a peu auparavant été apporté par la nourrice : la scène du bal se termine lorsque Juliette apprend que le jeune homme à qui elle a engagé sa foi n'est autre que le fils du chef de famille des Montaigu. Les deux jeunes gens se trouvent ainsi socialement placés sur un pied d'égalité, et c'est tant mieux, car cela permet d'éliminer tout bruit parasite touchant au noeud de l'action. Nous avons donc deux amants que ni disparité de fortune, ni différence de classe ne séparent, que tout devrait rapprocher, tandis que l'inimitié entre leurs deux maisons ravagées par une haine inexpiable risque de les mener sur des routes sinon antagonistes du moins parallèles. Il faut donc lever ce deuxième obstacle, sans les lever tous ; ceci constitue le véritable objectif de la scène. Shakespeare va ainsi devoir à la fois : dépeindre avec toute la délicatesse et la grâce dont il est capable un amour impérissable qui donne d'autant plus de relief à un destin fatal, dépasser l'antagonisme familial qui pourrait opposer les deux amants, faire progresser l'action pour entrelacer les fils encore trop lâches de la tragédie à venir.
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Il est vrai que la scène commence par un monologue de Roméo, où abondent les fleurs de rhétorique que nous aurons l'occasion d'examiner plus tard. Cependant ses deux premières répliques n'expriment rien d'autre qu'une sorte d'extase amoureuse, bien en phase avec l'image qui nous a été donnée d'un adolescent en proie aux tourments de son âge, exagérément prompt et intransigeant dans ses émois, un peu écervelé aussi. Afin de pouvoir approcher la belle Rosaline, ne va-t-il pas risquer de provoquer les ennemis de sa maison, sans doute au péril, voire au prix de sa vie et de nouvelles batailles ? (...)
[...] Shakespeare, Roméo et Juliette, Acte II, scène (Acte unique, scène 7 dans la version française) la scène du balcon. Traduction François-Victor Hugo (1868) Commentaire composé. Introduction La date de première représentation de Roméo et Juliette est inconnue mais probablement antérieure de quelques années à 1597, date de première édition. Elle rencontre dès le début un grand succès et reste, avec Hamlet, l'une des pièces les plus jouées de Shakespeare. Au moment où commence la scène 2 du deuxième acte, la première rencontre et le coup de foudre ont déjà eu lieu. [...]
[...] Compte tenu des obligations d'une jeune fille en son temps, Juliette partage son discours entre la joie de l'échange amoureux et sa propre défense. La nécessité de se disculper de l'accusation de frivolité apparaît d'ailleurs également comme l'un des moyens de séduction qu'elle utilise. Elle montre ainsi le souci qu'elle a de l'opinion de Roméo et la sincérité de ses sentiments. Le passage qui suit, lignes 72 à 85, pourrait être baptisé le "passage des serments". Roméo tente à trois reprises d'user de l'outil du serment, tandis que Juliette en refuse le bénéfice à trois reprises : Oh ! [...]
[...] parle encore, ange resplendissant ! [ On aura remarqué que dans le monologue qui va de la ligne 1 à la ligne 15, Roméo évoquait Juliette à la troisième personne, alors qu'il passe à la deuxième ici, de même que Juliette : Ô Roméo ! Roméo ! pourquoi es-tu Roméo ? On est donc déjà dans le dialogue alors que celui-ci n'est pas même commencé : voici donc deux êtres tournés l'un vers l'autre, s'adressant l'un à l'autre par-delà le fossé qui les sépare et que l'audacieuse intrusion du jeune homme est venue combler. [...]
[...] je voudrais rester dans les convenances ; je voudrais, je voudrais nier ce que j'ai dit. Mais adieu, les cérémonies ! Elle en prend donc rapidement son parti. Quant au spectateur, il pourra mettre au compte de l'impatiente jeunesse l'aveu sans véritable combat qui va suivre, ou se laisser charmer par l'absolue spontanéité des amants. Le monologue de Juliette Le premier Hélas ! est suivi d'un complément au monologue initial qui n'apporte rien de neuf et semble plutôt destiné à "passer la parole" à Juliette, tandis que Roméo finit d'épuiser son lot de métaphores. [...]
[...] On voit que Roméo retourne chacune des inquiétudes de Juliette pour en faire un argument en sa faveur. Sans doute joue-t-il également sur le danger qu'il court afin de pousser la jeune fille dans ses derniers retranchements. De l'inquiétude à l'aveu L'urgence qu'il y a à résoudre le problème du sens à donner à la présence du jeune homme va obliger Juliette à rendre précipitamment les armes, d'autant plus que son aveu passionné a été surpris. Sa tirade des lignes 58 à 71 montre que c'est pour elle encore un motif d'inquiétude. [...]
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