Shakespeare, Le Roi Lear, Acte IV scène V, du début jusqu'à l’entrée de Lear

Résumé du document

Dans la scène 7 de l'acte 3, Gloucester se fait arracher les yeux par Cornouailles pour avoir prévenu Lear d'un complot. Il quitte le palais et un paysan vient à son service ; Celui-ci est remplacé par Edgar, dans le rôle de pauvre Tom. Gloucester demande à être conduit à Douvres. Notre extrait met en scène la tentative de suicide de Gloucester et sa survie.
Edgar, habillé comme un paysan, amène imaginairement son père sur les falaises de Douvres, où celui souhaite mettre fin à sa vie. Edgar décrit à l'aveugle une falaise qui n'existe pas mais Gloucester croit à l'illusion et saute de la falaise pour lui bien réelle. Après la « chute », Gloucester est abordé par un homme qui n‘est autre qu'Edgar, débarrassé du costume de Tom le fou, mais toujours sous couvert du masque d'un inconnu. Celui-ci lui explique à Gloucester que Tom le fou était une créature possédée par le démon et explique le miracle de cette chute par l'intervention des dieux.
Cet extrait met en avant la théâtralité du récit, en effet, Edgar est un conteur dans cet extrait, il fait une mise en scène au sein même de la scène. Au centre de cette scène, le père suicidaire, et le fils, qui tente par cette mascarade de régénérer son père.

Extraits

[...] Ces expressions sont même bien trop exagérées pour être réalistes, mais Edgar est le conteur, et Gloucester croit tout ce qu'il dit. Les paroles d'Edgar sont telles des didascalies d'un auteur; elles permettent de créer un décor dans un espace vide, elles mettent en scène les personnages. Après la chute, Edgar continue à inventer la scène, il change de rôle et fait admettre à Gloucester que Tom le fou était démoniaque. Le talent de Edgar est de réussir à créer dans un même espace deux lieux et deux personnages tout en restant crédible auprès de Gloucester. [...]

[...] Il cherche par cela à sauver son père de ses tourments. Gloucester est un homme trahi par son fils, il perd tout espoir en la nature humaine et en la justice divine. Il veut se suicider. Alors Edgar lui fabrique un semblant de suicide et, lui fourni une raison de vivre : sa vie à été sauvée par l'intervention des dieux. Cette mise en scène régénère le personnage de Gloucester ; l'homme fataliste refuse alors de se laisser entraîner par le destin : Désormais je supporterai l'affliction jusqu'à ce qu'elle s'écrie elle-même assez, assez ! [...]

[...] Shakespeare, Le Roi Lear, Acte IV scène du début jusqu'à l'entrée de Lear Dans la scène 7 de l'acte Gloucester se fait arracher les yeux par Cornouailles pour avoir prévenu Lear d'un complot. Il quitte le palais et un paysan vient à son service ; Celui-ci est remplacé par Edgar, dans le rôle de pauvre Tom. Gloucester demande à être conduit à Douvres. Notre extrait met en scène la tentative de suicide de Gloucester et sa survie. Edgar, habillé comme un paysan, amène imaginairement son père sur les falaises de Douvres, où celui souhaite mettre fin à sa vie. [...]

[...] Il joue les hommes généreux, offrant tout ce qu'il a à un pauvre dément, pensant par là être magnanime, mais en fait, il ne fait que de donner de l'argent à son propre fils. C'est le décalage entre ces deux réalités qui rendent la scène ridicule. Gloucester pense se jeter du haut d'une falaise et s'écraser sur les rochers, mais il ne fait que tomber de quelques centimètres. La réplique dans laquelle il demande qu'on le laisse mourir en est d'autant plus ridicule que l'on imagine le ton tragique avec lequel il la prononce, alors qu'il s'est seulement effondré sur le sol. La question : Suis-je tombé ou pas ? [...]

[...] La réalité semble bien plus malléable après la lecture de cet extrait. Edgar est le double de Shakespeare dans cet extrait, il prend le rôle de l'auteur en écrivant la scène, en y mettant des didascalies. Mais il ne se limite pas à cela, en plus, celui-ci décide d'y jouer deux rôles différents. Edgar se donne donc le premier rôle. On découvre un peu plus les traits de caractères de ce personnage ; Tom le fou disparaît pour laisser entrevoir un fils soucieux de l'état de son père. [...]