« Jules César » de Shakespeare a été étudié en philosophie dans le but de définir ce qu'est "convaincre" et "persuader". Cette série de quatre questions analyse en profondeur les deux discours des orateurs après la mort de César et se penche sur les caractéristiques argumentatives et stylistiques ou encore les valeurs morales des deux débateurs pour expliquer le retournement de situation opéré au sein de la foule des citoyens. Texte très intéressant car il mêle à la fois analyse littéraire et références philosophiques.
[...] On peut cependant relever ces arguments. Antoine affirme tout d'abord que César était son ami, loyal et juste. Un tel lien d'amitié permet donc de réhabiliter César en tant qu'homme capable de sentiments autres que la soif de pouvoir. Ensuite, il souligne ses qualités d'homme d'état qui enrichit l'État (dont la rançon emplit les coffres de l'État) et donc, par conséquent, participe au bien être de la Nation. À nouveau, il use d'un argument lié au registre des sentiments . [...]
[...] Une telle affirmation permet déjà d'insuffler le doute dans l'esprit de son auditoire et de créer un effet de suspense. Une autre formule de ce type est visible à la ligne 156 : Je ne dois point lire ; il ne convient pas que vous sachiez à quel point César vous aimait ou encore à la ligne 161, où elle gagne en intensité . Il est bon que vous ne sachiez pas que vous êtes ses héritiers, si vous le saviez, oh ! [...]
[...] D'où la nécessité de résister à l'oppresseur. Brutus s'érige ainsi en protecteur de la Nation. C'est d'ailleurs pourquoi il utilise un registre dépréciatif pour qualifier celui qui oserait s'opposer à ses déclarations. Ce détracteur, il le désigne par des adjectifs qualificatifs comme esclave, sauvage, vil. De tels qualificatifs sont choisis avec soin par Brutus car un esclave et un sauvage ne sont pas considérés comme des hommes. Il suffit de se rappeler qu'Aristote, dans sa Politique désigne l'esclave comme un instrument animé. [...]
[...] Des lignes 110 à 115, Antoine développe un registre lyrique fait pour éveiller les sentiments de l'auditoire. La ligne 111, aparté apostrophant l'intelligence, lui permet de faire naître un sentiment de culpabilité au sein de son auditoire. La ligne 113 marque un point d'orgue avec la personnification de son coeur, qui semble blessé (Mon coeur est là, dans le cercueil, avec César). L'effet est immédiat et le deuxième citoyen utilise une hyperbole pour caractériser le défunt : César est une grande victime. [...]
[...] L'argumentation dissimulée et très bien ficelée d'Antoine a fait son effet, le quatrième citoyen rejette à présent ce terme mélioratif pour caractériser les opposants de l'orateur : Eux, des hommes honorables ? Ce sont des traîtres ! Alors que les citoyens se soulèvent à la ligne 174, Antoine tente (en apparence) de les tempérer . en complimentant ses adversaires, il sait pertinemment que ses paroles sonnent faux . il fait d'ailleurs une analogie à la ligne 183 (Je ne viens pas, amis, pour dérober vos coeurs : je ne suis pas un orateur, comme Brutus) entre Brutus et un voleur. [...]
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