Analyse linéaire (niveau Lycée) du poème de Baudelaire intitulé Le serpent qui danse faisant partie du recueil Les Fleurs du Mal.
[...] Par ailleurs, ce n'est pas le seul effet saisissant qui est produit dans cette strophe. L'image du réveil est elle aussi bouleversée. Contre toute attente, l'âme qui s'éveille (et appareille) prend un départ non pas pour la réalité mais au contraire pour un monde onirique annoncé par l'emploi de l'adjectif rêveuse pour un ciel lointain : cette fuite en dehors de la réalité est soulignée dans le vers suivant par l'adjectif lointain mis en relief par sa position finale à la rime. [...]
[...] Cette absence de souffrance et de sensibilité dénote sans doute la posture alanguie de la femme mais aussi certains traits de caractère sur lesquels Baudelaire reviendra dans la suite du poème (cf. vers 15 : bijoux froids La présence de l'adjectif chère montre à quel point le poète est attaché à cette femme mais plus encore peut-être à son caractère indolent de ton corps si beau : le bouleversement de la syntaxe amène le poète à présenter le complément du nom avant le nom dont il est une expansion. En effet, le mot peau est relégué en fin de strophe, ce qui contribue d'ailleurs à la mettre en relief. [...]
[...] C'est le spectacle qu'il observe qui l'incite à rêver (et à écrire). La marche seule apparaît alors comme un spectacle fascinant pour le poète. Ainsi, après avoir contemplé le corps alangui qui suggérait le mouvement, est-ce le mouvement lui-même que le poète peint. Il emploie à cette fin le verbe marcher accompagné de l'expression en cadence qui souligne le rythme régulier de cette démarche souple et sensuelle. Elle semble suivre une musique intérieure qui lui donnerait la cadence belle d'abandon : ce vers exprime toute la sensualité et la nonchalance d'une femme qui semble indifférente aux convenances. [...]
[...] Elle est, de ce fait, mise en relief par l'effet d'attente suggéré. L'expression bijoux froids est quasi oxymoron puisque l'évocation des bijoux appellerait plutôt une note de chaleur et de couleur. Or cette attente est immédiatement déçue par la présence de l'adjectif froids Au contraire, ce groupe nominal évoque un luxe distant, reflet d'une beauté qui peut s'avérer mortelle et dont l'attrait fascinant est dangereux pour celui qui y succombe l'or avec le fer : la fusion des deux alliages est évoquée à la fin du vers précédent avec le verbe mêler qui implique une relation indissociable entre les deux matières. [...]
[...] Dans ce poème, Baudelaire, évoquant sa relation avec Jeanne Duval, dresse un portrait de la femme à la fois séductrice et dangereuse. Cette ambivalence du caractère féminin ne sera d'ailleurs pas seulement abordée dans ce poème mais dans bien d'autres pièces du recueil. Il insiste également sur le mouvement gracieux et fascinant du corps féminin qui s'offre comme un spectacle. La comparaison avec le serpent s'avère tout à fait révélatrice à cet égard de même que les références récurrentes au champ lexical de la mer. [...]
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