Dans une première rédaction, Bossuet avait d'abord cité en tête du Second Point cette phrase des Écritures : "Faciamus hominem ad imaginem et similitudinem nostram" ("Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance"). Il projette donc de montrer à l'homme sa grandeur et de rattacher cette grandeur à sa ressemblance avec Dieu.
Dans la chaîne des preuves, la première est celle qui peut toucher le plus aisément un auditoire libertin : la grandeur du génie humain. Bossuet va donc exprimer son admiration pour les connaissances humaines, et il le fera avec enthousiasme. Mais loin d'aboutir aux conclusions d'un libertin, il invoque, en théologien, l'oracle de l'Écriture pour expliquer les conquêtes de la science à la lumière du dogme chrétien.
I. L'admiration pour les connaissances humaines (1-19).
l-5. Avant de montrer la puissance de l'homme sur la nature, Bossuet présente une réserve qui prépare celle des l.19-20. L'impression créée par la première phrase sera corrigée par la suite. D'ailleurs, le mépris qui dicte cette réserve sera démenti plus tard par les vastes connaissances de Bossuet, précepteur du dauphin et auteur de plusieurs traités (cf. XVIIe Siècle, Lagarde et Mich. p.253), entre autres les Discours sur l'Histoire Universelle (publiés en 1681), composés pour son élève. Cette concession initiale tend à nous indiquer que l'éloge du génie humain n'est pour lui qu'un point de départ : s'il accepte de séduire l'esprit des fidèles par la constatation enthousiaste des merveilles de la science, c'est pour les interpréter en théologien.
A la rapide réserve du début succède, en effet, un ample mouvement oratoire, dont la plénitude traduit l'admiration qui s'exalte. On dirait que le prédicateur veut se justifier de ressentir presque malgré lui le « charme » du génie humain (valeur de la double négation, l.2-3). Le balancement majestueux de la phrase correspond à une progression logique : d'abord les découvertes, puis leurs applications (les inventions) (...)
[...] La rhétorique est d'ailleurs dépassée par le lyrisme, la poésie même, d'un hymne au génie humain soutenu par un grand élan d'enthousiasme. Attitude assez moderne en un temps où Galilée a été condamné par l'Inquisition et où Pascal le savant se propose d'écrire une lettre de la folie de la science humaine et de la philosophie (Brunschvicg, 74). Mais Bossuet n'oublie pas pour autant sa mission. Après une concession à l'esprit de ses contemporains il revient à sa position de théologien et l'idée de la grandeur de l'homme est ainsi rattachée à son propos. [...]
[...] La recherche scientifique, les conquêtes de la science ne sont pas la marque d'un orgueil sacrilège : elles sont l'accomplissement de la volonté d'en haut et s'inscrivent dans le plan divin. NB : les lignes citées se réfèrent au texte des éditions Lagarde et Michard et non aux textes qui suit. Merci pour votre confiance. [...]
[...] p.253), entre autres les Discours sur l'Histoire Universelle (publiés en 1681), composés pour son élève. Cette concession initiale tend à nous indiquer que l'éloge du génie humain n'est pour lui qu'un point de départ : s'il accepte de séduire l'esprit des fidèles par la constatation enthousiaste des merveilles de la science, c'est pour les interpréter en théologien. A la rapide réserve du début succède, en effet, un ample mouvement oratoire, dont la plénitude traduit l'admiration qui s'exalte. On dirait que le prédicateur veut se justifier de ressentir presque malgré lui le charme du génie humain (valeur de la double négation, l. [...]
[...] Et en effet Bossuet s'attache maintenant, en toute rigueur, au dogme chrétien. Dieu a formé l'homme pour être le chef de l'univers; par le péché originel (son crime) l'homme a mérité de perdre la royauté qu'il avait sur la nature. Dieu lui a laissé, par un acte de sa volonté, de sa bienveillance, un certain instinct de chercher. Pourquoi parler d'instinct et non d'intelligence ? Ce n'est pas pour rabaisser la raison, mais pour rattacher plus étroitement cet éloge du génie humain à l'idée directrice du Second Point du sermon. [...]
[...] un esprit industrieux) : les productions de la terre deviennent plus convenables (pour lui servir de nourriture), les plantes s'améliorent (corriger leur aigreur sauvage), et même les substances nocives (poisons) deviennent bénéfiques (remèdes). Or la tournure de la phrase a pour effet d'animer poétiquement ces créatures, de telle sorte qu'on a l'impression que la terre, les plantes, les venins, domptés comme les animaux, se modifient volontairement (cf. lui donner, corriger, se tourner) afin d'assurer le bien de l'homme : en sa faveur, pour l'amour de lui. L'homme nous apparaît donc ici comme le roi de la création. [...]
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