Les séquestrés d'Altona est une pièce qui s'élève au-dessus des contingences historiques pour reformuler inlassablement le problème de la liberté et de l'obéissance, ainsi que celui de la difficile identification du mal dans l'histoire : « Personne dans une société historique qui se transforme en société de répression, n'est exempt du risque de torturer » (Sartre).
Dans une famille aristocratique allemande, après la Seconde Guerre mondiale, Leni, Werner et sa compagne Johanna, attendent le père pour un conseil de famille. Ils apprennent alors qu'il n'a plus que six mois à vivre : les médecins ont diagnostiqué un cancer de la gorge. Le père confie alors la direction de l'entreprise des Von Gerlach à son fils Werner, mais pour se faire, Werner doit s'engager à ne jamais quitter Altona. Pourquoi cette condition sinon pour protéger Frantz, le fils ainé qui se claustre dans sa chambre depuis treize ans et passe pour mort aux yeux du monde ?
Frantz ne voit que sa sœur, Leni, avec qui il entretient des rapports très particuliers.
L'extrait que nous tenterons d'étudier se situe à l'acte II, scène V. Johanna a poussé la porte de la chambre de Frantz pour lui demander de « ressusciter ». Cet extrait se borne de la réplique « Qu'attendez-vous de moi ? » jusqu'à « Je suis choisi ».
[...] Johanna est presque indifférente au sort de Frantz : qu'il se suicide ou qu'il reprenne sa vie d'avant, peu importe au fond, le principal étant qu'il ne soit plus dépendant de personne C'est l'un ou l'autre On sent dans la demande de Johanna toute l'inutilité de l'existence de Frantz au fond. Il est mort aux yeux du monde depuis treize ans, mais même cela ça ne suffit pas. Les seules personnes qui savent qu'il est encore en vie sont prisonniers de sa condition de marginale. Il est de trop. Sa vie est comme niée. Devant la cruelle demande de Johanna, Frantz feint le rire. Tout s'éclaire ! : rien ne s'éclaire du tout au contraire. Frantz, en sa condition de fou ne peut pas voir les choses s'éclairer. [...]
[...] Il y a quelque chose qui ne colle pas. On décerne des médailles aux héros, et non pas aux lâches. Johanna essaie de toucher Frantz, et quelque part peut-être de le flatter. Sous-entendu : Mais non, vous n'êtes pas un lâche, vous avez des médailles qui prouvent votre courage. Et puisque vous êtes courageux, c'est le moment de sortir de votre chambre et d'assumer vos actes passés Mais ces médailles en réalité, sont loin de prouver quoi que ce soit, en tous les cas, elles ne prouvent pas son courage. [...]
[...] Mais il se cache aussi car il n'assume pas au fond ses actes passés. Il ne faisait pas partie du nazisme, ce n'était pas un partisan d'Hitler, et pourtant il a laissé faire, il a laissé torturer. Cela pose la question de la responsabilité de l'homme dans l'histoire. Dans une société conduite par l'endoctrinement, le bourrage de crâne l'homme est-il responsable de son inaction ? Peut-on blâmer l'homme de ses fautes ? Etait- il maitre de ses actes ou s'est-il laissé manœuvrer ? Frantz a participé à la guerre dans des conditions difficiles. [...]
[...] Johanna, dont l'idée de passer toute sa vie à Altona ne la réjouit pas outre mesure, s'insurge et son beau père l'incite alors subtilement à pousser la porte de Frantz. Il pense ainsi que Frantz, influencé de la beauté de Johanna, acceptera de revoir une dernière fois son père. L'extrait que nous tenterons d'étudier se situe à l'acte II, scène V. Johanna a poussé la porte de la chambre de Frantz pour lui demander de ressusciter Cet extrait se borne de la réplique Qu'attendez-vous de moi ? [...]
[...] Vous ne résisteriez pas trois jours : cela veut dire que lui il résiste parce qu'il est courageux mais que personne à part lui ne pourrait tenir le coup. Là encore, il se croit unique. Il est en dehors de la réalité. Dans son monde, dans sa chambre, c'est quelqu'un de courageux. Mais Johanna ne rentre pas dans son jeu : Qu'est-ce que cela prouve ? Vous l'avez choisi elle lui montre bien qu'il n'est pas prisonnier, que son père ne l'a jamais forcé à rester dans sa chambre. [...]
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