Commentaire composé semi-rédigé sur la description de l'ouverture du roman Le Père Goriot d'Honoré de Balzac.
[...] La sensation physique des lieux Balzac veut que nous ayons la sensation physique des lieux qu'il écrit. La vue joue un rôle primordial : les objets sont recensés par un regard d'une acuité extrême. En partenariat avec www.bacfrancais.com Tout est indiqué : couleur, matière première, origine de fabrication. La salle à manger est entièrement boisée les assiettes en porcelaine épaisse, à bords bleus ont été fabriquées à Tournai ; le cartel est en écaille incrustée de cuivre etc. Balzac a un souci d'exhaustivité, un désir de reproduire la totalité du réel, comme en témoigne la longue liste finale : un baromètre des gravures un cartel des chaises des paillasses des chaufferettes Ce bric à brac de mauvais goût, où s'entassent des objets hétéroclites, nous donne une sensation de vertige et de malaise. [...]
[...] Lecture Cette première pièce exhale une odeur sans nom dans la langue, et qu'il faudrait appeler l'odeur de pension. Elle sent le renfermé, le moisi, le rance ; elle donne froid, elle est humide au nez, elle pénètre les vêtements ; elle a le goût d'une salle où l'on a dîné; elle pue le service, l'office, l'hospice. Peut-être pourrait-elle se décrire si l'on inventait un procédé pour évaluer les quantités élémentaires et nauséabondes qu'y jettent les atmosphères catarrhales et sui generis de chaque pensionnaire, jeune ou vieux. [...]
[...] Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l'intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas. Honoré de BALZAC, Le Père Goriot Etude L'odeur du salon Une évocation réaliste Le début du texte est une tentative d'objectivité. Le choix du conditionnel Il faudrait (l.1) au lieu d'un indicatif reflète l'absence de parti pris Les expressions de présentation adoptent également la rigueur scientifique : elles sont neutres, à la forme passive ou impersonnelle : Cette salle . fut jadis Elle est plaquée de buffets dans un angle est placée . [...]
[...] II/ La présence du narrateur Une évocation subjective Quel que soit le désagrément réel de cette odeur, les procédés qui la caractérisent ont une valeur argumentative. Balzac a recours à plusieurs accumulations ternaires : Elle sent le renfermé/ le moisi/ le rance elle donne froid/ elle est humide au nez/ elle pénètre les vêtements elle a le goût d'une salle où l'on a dîné, elle pue le service/ L'office/ l'hospice En partenariat avec www.bacfrancais.com La répétition de elle la juxtaposition des caractérisations (mises en valeur par l'absence de mots de liaison) donnent à l'odeur une pénétration intense et envahissante. [...]
[...] Il cherche à reproduire les objets tels qu'ils sont, y compris dans leur abjection. Pour nous faire découvrir ces lieux pouilleux et misérables, il adopte la position d'un visiteur qui les découvrirait pour la première fois. Cet aspect se révèle dans la tonalité péjorative des caractérisations juxtaposées : elle sent le renfermé, le moisi, le rance Le mot sans doute le plus juste elle pue à une connotation d'un réalisme agressif. Balzac fait ce que l'on appelle au XIXème siècle une physiologie c'est-à-dire une description réaliste presque clinique en soulignant volontairement les aspects les plus médicaux, les humeurs et les sécrétions. [...]
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