La forme brève est très en vogue au XVIIe siècle : de Pascal à La Bruyère (Les Caractères) en passant par La Rochefoucauld (Maximes), les moralistes usent de l'écriture lapidaire pour livrer au lecteur leur vision de la condition humaine. Certes, les Pensées sont une œuvre inachevée (donc on ne peut juger de l'aspect définitif qu'aurait pris le texte), mais il n'en demeure pas moins que Pascal a recours à l'écriture discontinue, fragmentaire.
Nous nous interrogerons sur les raisons du choix de la forme brève par Pascal. Ainsi, nous verrons tout d'abord que Pascal use de formes brèves variées pour ensuite mettre en évidence que l'écriture discontinue est à l'image du cœur de l'homme et enfin montrer que la forme lapidaire donne à réfléchir.
[...] L'éblouissement de la forme fait éclater la force du sens. Une forme classique? La forme lapidaire pascalienne répond en partie aux canons de l'esthétique classique que les théoriciens du goût veulent imposer dans la seconde moitié du XVIIe siècle avec la mesure, la sobriété, la clarté contre l'enflure, ainsi que l'exagération baroque. Pascal opère une sorte de travail sur la régularité et l'équilibre à l'aide de rythme binaire (fragment de jeu d'antithèse (fragments 38 et et surtout, de parole retenue (fragments Ainsi, la beauté plastique du verbe peut parfois faire oublier le scandale du discours. [...]
[...] Nous remarquons une oscillation entre la clarté et l'énigme, notamment dans les fragments 109 et 106. Ceci prouve la nécessité d'un déchiffrement, de mises en parallèles (fragments 36 et 126), d'effets d'intertextualité (fragments Ainsi, Les Pensées est une œuvre ouverte, faisant preuve d'une véritable connivence avec le lecteur. Pascal use donc de la forme brève du fragment et refuse d'insérer des analyses psychologiques dans une narration suivie et détaillée ou dans une intrigue dûment construite, avec ses péripéties et ( ) son commencement, son milieu, sa fin (Louis Van Delft). [...]
[...] En effet, l'homme est rongé par l'obscurité, les ténèbres. Son espace intérieur est pourri et effrité: creux fragment 129, ordure fragment 122). Les formes brèves, lacunaires, reflètent l'état de l'homme déchu, affaibli, privé de totalité. Selon Jean-Philippe Marty, En perdant Sa Sainteté, l'homme a perdu la syntaxe D‘ailleurs, au fragment 49, la phrase nominale démontre la syntaxe primaire Un homme égaré ou une parole éclatée L'homme égaré dans un univers infini et effrayant est condamné à l'instabilité et à l'insituabilité (selon le fragment 25). [...]
[...] Dans le fragment 41, Pascal saute d'exemple en exemple pour ne pas créer d'effet d'uniformité et toujours réveiller l'oreille de son lecteur. III- Donner à penser Frapper Pascal est dans une quête d'effets mnémotechniques afin de rendre le discours facilement mémorisable. Il recherche des formules-choc et frappantes, comme dans les fragments ou encore 90. Afin de favoriser la mémorisation, pour que la parole hante le lecteur et le fasse penser même sans le support du livre, il utilise des paroles obsédantes. Invitation à une lecture participative Pascal cherche à ce que son discours interpelle. [...]
[...] Quel sens donner aux choix de la forme brève par Pascal dans ses Pensées? La forme brève est très en vogue au XVIIe siècle: de Pascal à La Bruyère (Les Caractères) en passant par La Rochefoucauld (Maximes), les moralistes usent de l'écriture lapidaire pour livrer au lecteur leur vision de la condition humaine. Certes, les Pensées sont une œuvre inachevée (donc, on ne peut juger de l'aspect définitif qu'aurait pris le texte), mais il n'en demeure pas moins que Pascal a recours à l'écriture discontinue, fragmentaire. [...]
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