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Le texte de Sénèque reflète toute la dureté de la condition servile. On peut voir ici dans le philosophe un historien des moeurs.
Comment les esclaves ne seraient-ils pas considérés comme des ennemis (l.30)
Puisque ce sont d'anciens prisonniers de guerre ?
La seule conquête de Gaule valut 100 000 d'esclaves aux Romains.
Platon dans ses Lois (VI) conseille donc d'avoir des esclaves d'origine différente
pour qu'ils aient plus de mal à se révolter.
Toutefois en -73,-71, il ne fallut pas moins de 10 légions pour venir à bout de Spartacus. L'esclave n'est rien d'autre qu'une marchandise dans l'antiquité, d'ou le mépris "ad nogantie" (l.29).
Le statut de l'esclave procède d'une nécessité familiale, devenue politique et justifiée par Aristote, car le travail servile permet à une minorité de vaquer à loisirs aux affaires de la cité.
L'esclave est à la base de l'économie domestique, mais ici le maître n'est qu'un jouisseur immonde (l.11 à 15).
Sénèque observe une décadence sociale, assez comparable à celle de la noblesse sous l'ancien régime, de plus en plus détachée de ses devoirs militaires.
La répartition traditionnelle des fonctions sociales se corrompt : il est vrai que l'empire anéantit l'exercice de la citoyenneté et favorise la paresse.
Le maître est ici un dîneur (l.9 10), il est dépeint au cours d'un repas principal qui peut se prolonger fort tard : la cena commence après 15h et peut durer une partie de la nuit.
Le moindre bourgeois sous l'empire possède au moins huit esclaves : "servo suo" (l. 9) un parmi d'autres, le riche propriétaire en a 1000, l'empereur environ 20 000. Les esclaves sont des machines et il est souhaitable qu'elles ne fassent pas de bruit (l.17 à 20). On en exige autant d'une machine aujourd'hui. Les esclaves doivent faire oublier leur présence physique et se réduire au rôle de serviteur mécanique.
Dans le Satiricon de Pétrone, les esclaves doivent chanter, si basse ou pénible que soit leur tâche. C'est une autre manière de se faire oublier en tant que serviteur. Songeons aussi aux "serviteurs muets", guéridons à plusieurs étages qui remplaçaient les domestiques sous l'ancien régime. Au XVIIème siècle aussi on évitait la présence de domestiques à table en aménageant dans le parquet de la salle à manger une plate-forme qui permettait de descendre la table aux cuisines et de le faire remonter chargée (...)
[...] Sénèque s'en indigne et accuse les maîtres de son temps d'arrogance (l.29), d'orgueil démesuré (l.10), tandis qu'il plaint les esclaves malheureux (l.15) menacés d'un grand mal s'ils font du bruit (l.19) et d'un châtiment qui dure toute une nuit (l.20-21). On note la différence avec Platon qui dans sa République, conseille d'être juste à l'égard des esclaves mais n'interdit pas de les mépriser ; le mépris étant le fait d'un homme de bonne éducation Le stoïcisme est bien plus aimable à l'égard des esclaves. [...]
[...] un parmi d'autres, le riche propriétaire en a 1000, l'empereur environ Les esclaves sont des machines et il est souhaitable qu'elles ne fassent pas de bruit (l.17 à 20). On en exige autant d'une machine aujourd'hui. Les esclaves doivent faire oublier leur présence physique et se réduire au rôle de serviteur mécanique. Dans le Satiricon de Pétrone, les esclaves doivent chanter, si basse ou pénible que soit leur tâche. C'est une autre manière de se faire oublier en tant que serviteur. [...]
[...] Texte 8 p 251 : les esclaves sont aussi des hommes Sénèque, Lettres à Lucilius 1-5 (extrait de Latin Terminale chez Hatier, les Belles Lettres) Sénèque encourage ici son lecteur à considérer ses esclaves comme des hommes. Latin Français Libenter C'est avec plaisir cognovi que (j'ai appris) je sais / tient ex his de ceux qui a te veniunt qui vinrent de ta part te vivere familiaritater que tu vis en famille cum servis tuis avec tes esclaves hoc decet cette attitude fait honneur prudentiam tuam, à ta prudence, hoc eruditionem. [...]
[...] Ici, les esclaves fautifs sont condamnés au jeûne, au silence, et à la station debout pendant toute une nuit (l.21). Il y a pire. On a vu des esclaves dévoués, même des affranchis dévoués (Tacite, Annoles XIII , 44) prendre sur eux une grave de leur maître ou ancien maître : l'opposition de ces esclaves du passé : illi (l.23), aux esclaves contemporains de Sénèque est donc attestée. Il est vrai qu'en Grèce comme à Rome, le témoignage de l'esclave n'a de valeur que s'il résiste à la torture (l.28), alors que la torture d'un homme libre est un scandale. [...]
[...] Une formule comme sic fit huc (l.21) explicative, est nettement didactique, et marque le souci d'être bien compris dans l'analyse de la relation entre maîtres et esclaves. Pour mieux imprimer l‘idée, le philosophe peut avoir recours au parallélisme comme aux lignes 27-28 : in conviis loquebantur, in tourmentis tacebant. En même temps le connecteur sed souligne l'opposition. Conclusion : Si divers que soient les registres de la lettre, il manque à ce plaidoyer pour les esclaves la revendication de la suppression de l'esclavage. Nulle idée de ce genre, le traitement du thème n'a aucune conséquence politique. On reste dans les bonnes intentions philosophiques. [...]
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