Maurice Blanchot, dans L'entretien infini, écrit que « Ce qu'il importe, ce n'est pas de dire, c'est de redire et, dans cette redite, de dire chaque fois encore une première fois. » Il parait évident que chaque écriture est une ré-écriture de ce qui a déjà été écrit, que toute énonciation prend appui sur des modèles. Comme le développe Gérard Genette dans Palimpsestes, il existe différents types de citations, de rapports entre les textes. L'important est donc d'étudier le lien entre le texte de l'auteur, et les textes auxquels il décide de faire allusion. Plus que cela, notre analyse portera surtout sur le fonctionnement de cette mise en parallèle.
Dans cette perspective, Antoine Compagnon analyse, dans La seconde main, la citation, ou plus précisément, comme l'indique le titre, le travail de la citation. On pourrait donc essayer de s'intéresser à cette thèse, tout en prenant les Essais de Montaigne pour exemple, en s'appuyant sur l'analyse de Compagnon dans la séquence V, intitulée « L'immobilisation du texte », où Montaigne est largement cité. Montaigne a très souvent recours à la citation, ou plutôt, comme il le dit lui-même au « déjà-dit ». Or, on sait qu'il a travaillé et retravaillé son texte, comme le prouve l'Exemplaire de Bordeaux. Ainsi, un tel foisonnement de citations est un choix délibéré et porteur d'une véritable intention de la part de l'auteur. On pourrait donc se demander quelle est la fonction et la signification de cette incorporation d'éléments étrangers dans le texte des Essais.
[...] L'allégation appartient au domaine de la glose, c'est-à-dire au procédé que Montaigne rejette. Il regrette d'ailleurs qu'« Il y a plus affaire à interpréter les interprétations qu'à interpréter les choses, et plus de livres sur les livres que sur un autre sujet ; nous ne faisons que nous entregloser. Pour lui, la citation et l'intertextualité sont donc omniprésentes, un texte ne peut pas se détacher de ce déjà-dit Plus que cela, il apparaît même nécessaire pour produire un texte de qualité. [...]
[...] L'important est donc d'étudier le lien entre le texte de l'auteur, et les textes auxquels il décide de faire allusion. Plus que cela, notre analyse portera surtout sur le fonctionnement de cette mise en parallèle. Dans cette perspective, Antoine Compagnon analyse, dans La seconde main, la citation, ou plus précisément, comme l'indique le titre, le travail de la citation. On pourrait donc essayer de s'intéresser à cette thèse, tout en prenant les Essais de Montaigne pour exemple, en s'appuyant sur l'analyse de Compagnon dans la séquence intitulée L'immobilisation du texte où Montaigne est largement cité. [...]
[...] C'est ce qui explique probablement que dans l'œuvre anonyme intitulée Le Parterre de la rhétorique, datant de 1659, citée par Compagnon, la citation soit associée au narcisse. Pour Pascal ou Malebranche, l'« art de citer est de même une manie d'amour-propre. Pourtant, la citation est véritablement centrale dans les Essais, au sens où elle permet la construction même du texte, qui jalonne le cheminement vers la citation moderne. Montaigne constitue donc, par ses Essais, une étape cruciale de l'évolution de la citation. [...]
[...] La deuxième partie sera plus définitoire : nous nous attacherons à distinguer les termes d'allégation, de citation et surtout d'emprunt, très cher à Montaigne. Ensuite, proposer une typologie des différentes formes d'emprunts qu'utilise Montaigne semblera nécessaire afin d'en déduire la fonction et l'intérêt que l'auteur des Essais prête au déjà-dit * * * 2 La fonction du déjà dit dans les Essais La seconde main, Antoine Compagnon Amélie Chastagner et Alexandra Debeaulieu Le Moyen-Âge est la grande période de la citation. A la page 157, Antoine Compagnon écrit Acte I. [...]
[...] L'Antiquité : il n'y a pas de citation / Acte II. Le Moyen-Âge : il n'y a que la citation. Montaigne, dans la manière même qu'il a d'envisager la citation, s'insère dans une période de changement. En effet, l'Iliade, qui correspond au modèle de l'épopée, voit après elle nombre d'épopées écrites à la manière de l'Iliade. La Bible, elle, devient un archétype, on écrit sur la Bible, comme l'explique Compagnon. On pourrait donc émettre l'hypothèse que Montaigne s'inscrit dans cette continuité et en constitue l'étape suivante : les Essais, par les emprunts variés qu'ils abritent et la richesse pluri-thématique qui leur est inhérente, correspondent au troisième moment de l'histoire de la citation, on n'écrit non plus à la manière de non plus sur mais avec les oeuvres. [...]
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