Une nouvelle est un texte bref et à la cohérence forte, et l'auteur, à travers les deux premières pages de ce texte, nous fait un portrait du « vagabond » qui donne son titre à cette nouvelle, et aussi un portrait de ceux qui le regardent par l'intermédiaire des « on » et des « ils ».
Mais ceux-ci ne sont pas situés dans le temps, ni dans l'espace, et, si on peut faire l'hypothèse de l'espace algérien, dont l'auteur est issue, cette ellipse des lieux et temps semble signer une volonté de généralité (...)
[...] Cela semble indécidable. En tout cas, on peut qualifier sa position énonciative de mobile ; et on pourrait aussi voir dans ce positionnement avec le on premier mot du texte, une focalisation zéro ce point de vue absolu de l'auteur qui serait tout puissant ; à moins que ce ne soit la trace d'un récit fait par un autre et que l'auteur rapporte ? Elle serait alors un simple porte-parole, elle rapporterait un récit, ce qu'elle a entendu et/ou vu. [...]
[...] On ne le sait pas. Avec son déterminant défini, il serait plutôt placé du côté des choses élémentaires, un élément quasi-métaphysique du paysage humain ; bien que le sémantisme du nom en fasse un être humain, il n'est pas tout à fait assimilable à ceux d'ici, tout comme dans ces hommes hommes filles prodigues b. Analyse à partir du sémantisme et de l'organisation du texte. Ce soir-là, on n'attendait personne : cette phrase, qui ouvre le nous dit beaucoup : un temps figé dans la répétition et les habitudes quasi- naturelles ; des êtres définis par leur groupe plus que par leur individualité ; or le vagabond arrive, un soir d'été (début du texte), on l'a vu arriver ; il est seul, comme unique de son espèce et le singulier fait ici écho au pluriel et aux marques de généralité, marquant quasiment que les êtres et choses ainsi désignés sont le tout du monde. [...]
[...] Le vagabond, Leïla Sebbar. On l'a vu arriver un soir d'été. Il avait fait chaud, très chaud. Hommes et bêtes à l'ombre des murs semblaient dormir. Enveloppés tout entiers, c'est à peine s'ils pouvaient ouvrir un œil, on les aurait crus statufiés pour toujours, tournés vers eux seuls et le silence des plateaux. On ne soupçonnait pas, dans ces hommes dont rien ne les désignait comme des hommes, si ce n'est la forme apparente sous le pli des étoffes, la couleur de la terre qu'ils avaient travaillée à la fraîcheur de l'aube, ces heures clémentes qui leur permettaient de gagner le pain, on n'imaginait pas l'attention en éveil, la vigilance dans ces corps endormis. [...]
[...] Dans cette stabilité quasi-minérale, essentielle, sacrale même, vient s'inscrire le vagabond, et son apparition trouble le paysage avec les hommes qui y sont liés. La position énonciative de l'auteur redouble donc en lui faisant écho à la position du vagabond, à la fois d'ici et d'ailleurs, tout puissant et peu de chose voire rien du tout. [...]
[...] Les êtres animés sont présentés de trois façons différentes : soit sans déterminant, hommes et bêtes ni fille prodigue ni fille partie ce qui indique aussi la généralité, soit avec un déterminant démonstratif, ces hommes ces corps endormis de ces savants ou encore avec un indéfini des devins mais justement pour marquer ce qu'ils ne sont pas ; on notera que le pluriel aux illuminés peut renvoyer à un déterminant défini ou à un indéfini (à + les ou à + des), ce qui signe peut-être l'hésitation quant à l'appartenance desdits illuminés du côté de ces hommes hommes et bêtes ceux d'ici, ou du côté de l'ailleurs. Le vagabond justement, est-il d'ici ou d'ailleurs ? [...]
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