Commentaire composé sur le chapitre 6 de la partie I de L'Etranger d'Albert Camus. Il s'agit du passage du meurtre de l'Arabe.
[...] Au même instant, la sueur amassée dans mes sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un voile tiède et épais. Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. [...]
[...] Pour moi, c'était une histoire finie En partenariat avec www.bacfrancais.com et j'étais venu là sans y penser. Dès qu'il m'a vu, il s'est soulevé un peu et a mis la main dans sa poche. Moi, naturellement, j'ai serré le revolver de Raymond dans mon veston. Alors de nouveau, il s'est laissé aller en arrière, mais sans retirer la main de sa poche. J'étais assez loin de lui, une dizaine de mètres. Je devinais son regard par instants, entre ses paupières mi-closes. [...]
[...] J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais à la porte du malheur. Albert Camus L'étranger (1942) En partenariat avec www.bacfrancais.com Une scène dramatique Le rôle du hasard Le retour du personnage-narrateur aux abords de la source est présenté comme une banale promenade. [...]
[...] En partenariat avec www.bacfrancais.com L'enchaînement des actes se déroule sur un mode passif : c'est l' être qui s'est tendu, non la volonté d'une conscience libre : la gâchette a cédé souligne que ce n'est pas le doigt qui a appuyé. Conclusion Ce passage centré sur le thème du meurtre demeure dans une ambiguïté et le hasard joue autant que la fatalité. Le système de causalité est en question. Or, toute la syntaxe de l'Etranger escamote les liens logiques. L'étrangeté viendrait alors d'une neutralisation de la volonté interne et d'un concours de circonstances. Elle s'appuie sur un ensemble cohérent d'images symboliques qui fait contrepoids à une simplicité syntaxique toujours recherchée. [...]
[...] Enfin, Meursault parle de sa mère en l'appelant maman lorsqu'il évoque son enterrement, terme affectif sans doute habituel mais qui marque une absence de maturité. Le châtiment biblique Tout un champ lexical indique ce rapprochement : glaive lame étincelante L'insistance avec laquelle le texte souligne que c'est le front qui est touché montre que l'agression se porte sur un endroit vital du corps : Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front Dès lors l'image du châtiment divin devient plus nette : Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu Enfin, les coups de révolver sont quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur Le désaccord avec la nature Si la composante biblique ne doit pas être négligée, il est aussi important de noter que l'acte de tuer s'inscrit comme une rupture de l'ordre de la nature. [...]
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