Le Satiricon met en scène deux héros, Ascylte et Encolpe, le second étant aussi le narrateur de leurs aventures. L'épisode qui occupe la plus grande partie de ce récit, dont il ne nous reste que des fragments, est le banquet de Trimalcion. Ce personnage apparaît pour la première fois au chapitre XVI, où il est nommé par un esclave d'Agamemnon : les deux héros doivent dîner chez lui, mais n'ont pas encore fait sa connaissance. La rencontre se fait au chapitre XXVII, de manière inopinée : au cours d'une promenade, les deux jeunes gens assistent à une « partie de balles », qu'ils observent un instant, leur curiosité piquée par l'individu peu séduisant autour duquel le jeu s'organise totalement, sans d'abord savoir que c'est leur futur hôte. Puis on les en prévient, et ils continuent leur observation dans le décor des bains au chapitre XXVIII. Comment l'apparition de Trimalcion s'organise-t-elle selon un dispositif théâtral qui permet de le portraiturer dans un luxe exagéré provoquant à la fois l'écœurement et la curiosité des deux compères ?
[...] Les tableaux ainsi formés ont donc pour personnages des figures qui n'attirent habituellement pas particulièrement le regard. Mais il semble composer lui- même son importance et son statut à part en s'entourant de mignons c'est-à-dire d'esclaves frisés et jeunes, qui ne lui ressemblent donc pas, et d' eunuques esclaves castrés, sur lesquels il a donc l'ascendant conféré par les attributs sexuels. Sa laideur a d'autre part pour pendant son ridicule : il est en train de faire une partie de balles, qui s'apparente à une activité sportive, dans une tenue inappropriée. [...]
[...] C'est donc à un pastiche de jeu de balles que le narrateur et son ami assistent. Cependant, le luxe dans lequel évolue Trimalcion offre une compensation à ces premiers éléments dépréciatifs, qui empêchent le récit de basculer franchement dans la moquerie. En effet, Trimalcion est entouré pendant la partie de plusieurs mignons et de deux esclaves, escorte déjà imposante, mais qui se justifie par leur activité. Cependant, l'un de ces deux esclaves est porteur d'un pot de chambre en argent Ainsi, Trimalcion n'a pas à interrompre le jeu pour se soulager, comme le souligne à la ligne 22 s'étant vidé la vessie sans cesser de jouer et il ne se prive pas de le faire en public ; il n'interrompt pas non plus la partie pour se laver les mains, ce qu'il semble faire de manière très aléatoire : il demanda de l'eau pour ses mains, y trempa le bout des doigts et les essuya dans les frisettes d'un mignon (l.22-23-24). [...]
[...] Trimalcion ne fait rien lui-même, ni se lever, ni s'allonger, ni se déplacer, ni ramasser les balles dans la première scène : quand une balle tombait par terre, on ne la ramassait pas. Un esclave en avait un plein sac (l.10). Il vit dans l'assistanat et la prodigalité. Cette prodigalité va jusqu'au gaspillage des produits de luxe dont il est entouré. Le matériau dans lequel est fabriqué le pot de chambre, en argent, est inutilement riche étant donné son usage. [...]
[...] Le Satiricon, Pétrone : chapitres XXVII-XXVIII Le Satiricon met en scène deux héros, Ascylte et Encolpe, le second étant aussi le narrateur de leurs aventures. L'épisode qui occupe la plus grande partie de ce récit, dont il ne nous reste que des fragments, est le banquet de Trimalcion. Ce personnage apparaît pour la première fois au chapitre XVI, où il est nommé par un esclave d'Agamemnon : les deux héros doivent dîner chez lui, mais n'ont pas encore fait sa connaissance. [...]
[...] Le seul lien se fait par la vue, dont le champ sémantique est abondant : vîmes spectacle nous tira l'oeil or théâtre vient du grec theaomai, ayant lui-même donné theatrum en latin, et qui signifie regarder La stricte séparation de ce qu'aujourd'hui nous appelons la salle c'est-à-dire le narrateur et son acolyte, et de la scène la partie de balles avec Trimalcion, renforce la comparaison. Cette séparation est poursuivie dans le décor des bains : nous ( ) passâmes à la douche froide. Déjà Trimalcion, dégoulinant de parfums, se faisait essuyer (l.27-28). [...]
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