Explication de texte thématique de la quatrième scène du premier acte du Tartuffe de Molière.
[...] Absent depuis deux jours, il s'informe auprès de Dorine des événements survenus pendant son voyage. Dorine lui évoque alors les maux d'Elmire, sa propre femme, mais il n'y prête guère attention et préfère savoir comment va Tartuffe qui se porte à merveille (vers 233). Il y a alors un parallélisme entre les maux d'Elmire et la bien portance de Tartuffe : DORINE : Tant sa douleur de tête était encor cruelle. ORGON : Et Tartuffe ? (vers 237-238). La compassion d'Orgon devrait s'exercer envers Elmire, sa femme souffrante, et non sur Tartuffe. [...]
[...] Celle-ci tient un discours hyperbolique et satirique, notamment lorsqu'elle évoque les caractéristiques physiques de Tartuffe de manière exagérée et répétitive Gros et gras, le teint frais et la bouche vermeille vers 234) ou bien quand elle va à madame annoncer par avance la part [qu'Orgon prend] à sa convalescence (vers 257-258). Tous ces procédés, et surtout l'ironie, visent à faire prendre conscience de l'ineptie et de la bêtise de la situation. Comment Tartuffe apparaît-il dans cette scène ? Dans cette scène, on n'a toujours pas vu Tartuffe, mais Dorine nous en peint le portrait. [...]
[...] 235), douleur souffrir la saignée Cette opposition accentue le décalage dans la situation ; Tartuffe mange, boit et dort, et Orgon en fait le commentaire Le pauvre homme ! tandis que sa femme Elmire souffre. L'antiphrase du vers 239 Et fort dévotement il mangea deux perdrix met également en relief cette notion de décalage. L'emploi de l'adverbe dévotement est ironique et, venant de Dorine, attire particulièrement l'attention du spectateur, car ce registre de langue ne correspond pas au sien, plutôt cru et humouristique. De plus, Molière utilise le comique de caractère fondé sur les répétitions pour accentuer la ridiculisation d'Orgon. Celui-ci paraît fou et monomaniaque. [...]
[...] Mais est-ce bien l'attitude que devrait adopter un dévot ? Ceux-ci sont à la recherche de l'austérité, et non pas de s'enrichir par tous les moyens. Il prétend être adepte d'ascétisme, mais n'est en réalité qu'un bon vivant, amateur de bonne chère, qui apprécie tous les plaisirs de la vie : il aime boire et manger (il mangea deux perdrix avec une moitié de gigot en hachis v. 238-240, But, à son déjeuner, quatre grands coups de vins v.255) faisant mine du contraire en mangeant fort dévotement pour ne pas se démasquer, tout en savourant au fond de lui. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture