Commentaire composé de l'extrait du sixième tableau de la deuxième scène de Huis Clos.
[...] Avec tes copains, ça s'arrangera. Le plus difficile, c'est de t'arranger avec toi-même. HUGO Difficile? Ça sera vite fait. Vous n'avez qu'à me rendre le revolver. Annonce du plan 1. Un dialogue argumentatif 2. Un dialogue déséquilibré, mené par Hoederer Analyse Un dialogue argumentatif Affrontement théâtral : Hoederer a sans doute compris ce que Hugo préparait (voir didascalie lignes 11/12 où Hoederer anticipe le geste de Hugo comme s'il voulait prendre son arme dans sa poche). A. Quelle stratégie ? [...]
[...] L'infantilisme de Hugo. Les réponses de Hugo sont fondées sur l'obéissance au parti, et l'obéissance le met dans une position infantile. Ses réponses sont d'ailleurs des sentences qui ont l'air apprises, "n'importe qui peut tuer si le parti le commande". Du coup, son obstination à répéter qu'il peut tuer ressemble à une leçon abstraite apprise par coeur, dont il a besoin de se convaincre lui-même. De manière logique, sa longue réplique montre qu'il est prêt à tuer non par idéal politique, mais par dégoût de lui-même : voir les formes négatives, "je ne suis pas fait", "je ne sais pas", "je n'ai pas besoin", "je n'ai pas ma place", "personne ne" (deux fois). [...]
[...] Hoederer utilise aussi la forme "suppose que", encore plus explicite fois, aux lignes 12 et 15. Alors qu'il fait un geste pour empêcher Hugo de prendre son arme (ce qui rend le danger visible aux yeux du spectateur), il multiplie les détails concrets avec "suppose que cette main tienne une arme et que ce doigt-là soit posé sur la gachette" : c'est une provocation, mais c'est aussi une manière d'immobiliser Hugo, en lui révélant que ses intentions sont découvertes (passage à ce moment là au présent de l'indicatif, qui actualise la scène). [...]
[...] On voit qu'il lutte contre lui-même. Au bout d'un moment, Hoederer se retourne et revient tranquillement vers Ilu go en portant une tasse pleine. Il la lui tend.) Prends. (Hugo prend la tasse.) A présent donne-moi ton revolver. Allons, donne-le tu vois bien que je t'ai laissé ta chance et que tu n'en as pas profité. (Il plonge la main dans la poche de Hugo et la ressort avec le revolver.) Mais c'est un joujou! Il va à son bureau et jette le revolver dessus. [...]
[...] HOEDERER, le lâchant. Simplement pour te prouver qu'on ne peut pas buter un homme de sangfroid à moins d'être un spécialiste. HUGO Si je l'ai décidé, je dois pouvoir le faire. (Comme à lui-même, avec une sorte de désespoir.) Je dois pouvoir le faire. HOEDERER Tu pourrais me tuer pendant que je te regarde? (Ils se regardent. Hoederer se détache de la table et recule d'un t'as.) Les vrais tueurs ne soupçonnent même pas ce qui se passe dans les têtes. [...]
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