Commentaire composé semi-rédigé de la première scène de Huis Clos de Jean-Paul Sartre.
[...] J'en étais sûr ! Voilà ce qui explique l'indiscrétion grossière et insoutenable de votre regard. Ma parole, elles sont atrophiées. Etude L'initiation à l'absurde Le Garçon est un personnage clé dans ce passage. Il est l'initiateur qui va permettre le passage d'un monde à l'autre après divers mouvements de surprise et de révolte. Aspect dérisoire de la vie quotidienne Sartre remet ici en question le cliché classique de l'enfer comme le suggèrent les expressions Où sont les pals ? stéréotype de l'enfer, tous les clients la même question L'expression dès qu'on les a rassurés connote un répit ironique. [...]
[...] On peut aussi songer au châtiment des Danaïdes : les cinquante filles de Danaos qui avaient égorgé leurs époux sont condamnées à verser éternellement de l'eau dans un tonneau sans fond. Ici, l'absurde c'est la vie sans coupure, sans sommeil, l'absence de répit, de repos, de ressourcement. L'atemporalité est connotée par la métamorphose : l'atrophie des paupières entraîne une torture permanente. C'est ainsi que Garcin parle de l'indiscrétion grossière et insoutenable de votre regard L'autre regardé devient en quelque sorte objet sous ce regard permanent. L'espace et le temps sont désormais dénués de sens. [...]
[...] Car enfin, je vous le demande, pourquoi vous brosseriez-vous les dents ? GARCIN, calmé. Oui, en effet, pourquoi ? (Il regarde autour de lui.) Et pourquoi se regarderait-on dans les glaces ? Tandis que le bronze, à la bonne heure . J'imagine qu'il y a de certains moments où je regarderai de tous mes yeux. De tous mes yeux, hein ? Allons, allons, il n'y a rien à cacher; je vous dis que je n'ignore rien de ma position. Voulez-vous que je vous raconte comment cela se passe ? [...]
[...] Si le huis clos est un lieu sans agitation, il est aussi un lieu sans repos. L'impossibilité de dormir rend permanente la cohabitation déjà insupportable. La conscience est en éveil éternel. Nul moyen de s'échapper dans le sommeil, nul moyen non plus, de se réfugier, dans la rêverie : les paupières de Garcin sont atrophiées. L'individu n'ayant plus d'échappatoire, l'enfer ne possédant aucun instrument de torture, le châtiment ne peut être que normal. L'être vivra éternellement à nu, prisonnier de sa pensée et de l'impitoyable regard d'autrui. [...]
[...] En effet, dans la scène un garçon d'étage introduit Garcin dans un salon de style Second Empire, d'où il ne pourra plus jamais sortir. Garcin s'étonne : l'enfer ne ressemble en rien à l'idée qu'il s'en faisait de son vivant. Lecture SCÈNE PREMIÈRE (Ed. Folio p. 15-17) GARCIN, LE GARÇON D'ÉTAGE GARCIN, redevenant sérieux tout à coup. Où sont les pals ? LE GARÇON Quoi ? GARCIN Les pals, les grils, les entonnoirs de cuir. LE GARÇON Vous voulez rire ? GARCIN, le regardant. Ah ? Ah bon. [...]
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