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Huis Clos est une pièce de théâtre en un acte et cinq scènes de Jean Paul Sartre, auteur et philosophe français du 20ème siècle. Elle met en scène trois personnages enfermés dans une même pièce et contraints à cohabiter pour l'éternité. Cette pièce incarne l'enfer qui, chez Sartre, ne correspond pas à l'image de l'Enfer véhiculée par la religion.
Mettant parfaitement en scène la philosophie existentialiste de Sartre, la pièce montre bien le rapport de l'individu à autrui : ils voient chez l'autre l'image qu'il donne d'eux-mêmes. Mais il n'existe pas une seule image, la situation devient insupportable et les personnages ne peuvent la fuir.
Pour Sartre, l'Homme se définit par sa conscience (sa faculté de se penser et de penser le monde), chose que les objets ne possèdent pas (Sartre parle "d'en-soi").
L'Homme étant capable de réflexion, ce statut lui impose des responsabilités : la première est d'user de sa liberté. Juger le monde implique que l'on doit faire des choix et personne ne peut les établir à la place de l'Homme (Sartre était profondément athée et ne croyait pas à la fatalité, force surnaturelle qui détermine le cours des événements, c'est-à-dire le caractère inéluctable d'un événement). Le choix représente donc un privilège pour l'Homme, sujet pensant.
En jugeant, l'Homme se définit et adhère à des valeurs : son action précise donc sa morale. Dans Huis Clos, malgré les alibis que tente de se donner Garcin, il reste ce qu'il est. L'angoisse fait parti des choix que l'Homme fait. Les personnages de Huis Clos sont damnés pour ne pas avoir assumé leur liberté. Dans L'Existentialisme est un humanisme, Sartre explique que "l'Homme n'est rien d'autre que son projet, il n'existe que dans la mesure où il se réalise, il n'est donc rien d'autre que l'ensemble de ses actes, rien d'autre que sa vie", idée que l'on retrouve à la scène 5 lorsqu'Inès rappelle que "seuls les actes décident de ce qu'on a voulu".
Liberté et responsabilité sont les idées fondamentales de la pensée sartrienne, Huis Clos lui sert à montrer ces personnages lâches condamnés pour ne pas les avoir respectées.
Sartre définit deux concepts de la pensée : "le pour-soi" qui serait absolu si l'Homme vivait seul et serait totalement libre d'agir à sa guise : tout dépendrait de ses sentiments et réactions.
Le "pour-soi absolu" n'est donc pas réaliste, l'Homme vit au milieu des autres. Cette notion pose un autre problème, qui pourrait juger l'Homme ? Personne ! (...)
[...] Sartre appelle cela la mauvaise foi. L'Homme pour vraiment se connaître et avoir une image objective de soi doit avoir recours à autrui (ce que les autres pensent de lui. Il doit concilier pour-soi et pour-autrui Ces deux notions entraînent un conflit : si je juge l'autre, l'autre me juge en retour. Le sujet devient objet pensant et objet pensé (par autrui). Ni Garcin ni Estelle supportent le regard d'Inès mais comme personne ne peut se passer du regard d'autrui, un cercle vicieux se forme. [...]
[...] L'Enfer c'est les autres : A travers cette réplique la plus connue de Huis Clos, Sartre n'entend pas que les rapports entre individus soient impossibles. Il voulait montrer que lorsque les rapports humains sont basés sur le mensonge et le refus d'assumer ses choix, ils deviennent plus difficiles et sont sources de conflit. Mais cette difficulté n'atteint pas forcément l'intensité de l'Enfer ou d'un supplice. Inès étant homosexuelle, elle devient la rivale de Garcin. Estelle devient l'ennemie d'Inès et ne peut envisager toute histoire avec Garcin car Inès l'empêcherait. [...]
[...] Les personnages Garcin : publiciste et homme de lettres. Il cultive une image flatteuse de lui-même. Engagé et mort pour ses idées pacifistes, il pense être un héros ayant sacrifié sa vie pour défendre son idéal. Pour s'en convaincre lui- même, il veut le faire croire aux autres, mais ses actes et ses réactions montrent le contraire : il a quitté le Brésil pour fuir la guerre et a été tué à la frontière. Il a fait un mauvais usage de sa liberté car il n'a pas agit dans l'intérêt de la collectivité. [...]
[...] Garcin évoque la mort à travers suffoquer ; noyer ; s'enfoncer Il est lucide mais reste orgueilleux. II. Le personnage de Garcin On apprend, dans cet extrait, peu de choses sur Garcin. Il arrive dans la pièce avec assurance en se permettant même de faire une critique sur le mobilier. Il s'attend aux supplices de l'Enfer tels qu'on les lui a raconté et s'énerve lorsqu'il demande sa brosse à dents (didascalie). Il déjante vite lorsqu'il apprend qu'il ne pourra pas dormir, qu'il n'y a pas de sommeil en enfer. Scène L'arrivée d'Inès pp.25-27. [...]
[...] A l'image de Sartre, l'Homme ne peut pas vivre s'il n'est pas soumis au regard et à la pensée des autres. Transposer la difficulté de l'être à l'enfer. Inès affronte le regard des autres et ne cherche pas à se cacher. On remarquera la perversité dans le chantage d'Inès. Anaphore vous Les personnages comprennent qu'ils ne pourront jamais s'isoler ! Ils essayent de cohabiter ensemble mais cela semble compromis. La liberté d'exister pour eux-mêmes n'existe plus : ils existent pour les autres. [...]
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