Commentaire composé du dixième récit de Tropismes (1939) de Nathalie Sarraute.
[...] 24-25, elles l'avaient toujours entendu dire, elles le savaient l. 26-27). La superficialité des femmes se lit également dans la démesure de leurs réactions. Elles font preuve d'un enthousiasme exagéré, comme le suggèrent les exclamatives, quand il s'agit de boire un thé accompagné de quelques sucreries Ah! Cette vie était extraordinaire ! Elles allaient dans des thés elles mangeaient des gâteaux 1. et font à l'inverse preuve d'une angoisse disproportionnée à propos d'un sujet tout aussi insignifiant, le choix de leur tenue excitation», animation inquiétude choix difficile 8-9). [...]
[...] qui soulignent le bruit et l'agitation qui s'emparent de ce groupe de femmes. Le salon de thé est ainsi assimilé à une vaste cage dans laquelle les oiseaux pépi[ent] sans cesse et se serrent les uns contre les autres serrées autour de leurs petites tables», l. 6). Bavardes comme des pies, voraces comme des oiseaux de proie, sans cervelle comme les moineaux, les femmes semblent soutenir parfaitement la comparaison avec l'oiseau. Mais la caricature va plus loin. Réduites tout d'abord au statut de volatile, les femmes sont finalement réifiées : d'oiseaux, elles se muent en pantins. [...]
[...] II) La satire de la mondanité Malgré l'apparente extériorité du regard du narrateur, les femmes font l'objet d'une présentation dépréciative. A. Frivolité et superficialité Le portrait moral des femmes qui est brossé dans ce texte n'est en effet guère flatteur. Leur existence est placée sous le signe de la superficialité, comme le suggère le champ lexical du masque éclat», l «masque l fards l éclat l. 17). Elles en viennent à confondre leur apparence avec leur caractère puisqu'elles se reposent sur leur tenue pour rehausser non seulement leur éclat (I. mais aussi leur personnalité (1. [...]
[...] Ainsi, tout au long du texte, seul le pronom personnel de la troisième personne du pluriel elles qui n'a pas de référent explicite, est utilisé pour désigner les femmes décrites. Le texte ne propose pas un portrait précis et individualisé ; il cherche au contraire à bâtir un portrait archétypal de la femme bourgeoise et oisive. L'utilisation de la métaphore de l'oiseau contribue également à caricaturer ces femmes. Sarraute emploie ici un procédé définitoire de la caricature : donner à un être humain un comparant animal. La métaphore dépréciative de l'oiseau est filée dans le texte ; on relève les expressions volière pépiante» (l. et pépiantes» (l. [...]
[...] Nathalie Sarraute, Tropismes, X (1939) Introduction Nathalie Sarraute est connue pour avoir été l'une des figures marquantes du nouveau roman, courant qui prend de l'ampleur dans les années 1950-1960. Elle contribue à ce mouvement par ses oeuvres littéraires, comme le Planétarium, aussi bien que par ses écrits théoriques dont le plus connu est Lire du soupçon. Elle refuse notamment les contraintes du récit et la construction psychologique conventionnelle des personnages. Elle choisit, dans cet extrait de Tropismes, qui constitue le dixième récit du recueil, de faire le portrait de femmes qui vont passer leurs après-midi dans un salon de thé. [...]
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