[...]
Il n'y a pas d'intrigue au sens classique, pas d'actions ni d'évolution. On a l'impression que la fin est déjà au commencement. Mais on observe des germes de conflits et de lutte : c'est un jeu de la part de Beckett, il se moque de la dramaturgie classique. L'espace est détruit, les personnages se déplacent difficilement, à part Clov qui a quand même mal aux jambes. Les 3 autres personnages sont soit aveugles soit des culs-de-jatte.
Il est fait allusion à un personnage extérieur : l'homme de Noël.
Clov aperçoit un enfant à 74m, mais il n'y a pas d'intrigue. L'attention de Clov et Hamm est tournée vers le paysage, comme s'ils attendaient quelque chose.
Les germes de conflits se basent sur la relation de Hamm avec ses parents. Il les déteste, boucle les poubelles pour les anéantir, ils l'ennuient, même s'il appelle son père pour l'écouter. Parfois, les parents pourraient s'allier à Clov contre Hamm. Nell lui dit "déserte !". Clov est au service de Hamm, il s'étonne de le faire, il ne comprend pas pourquoi d'ailleurs. Hamm s'attend lui-même à ce que Clov le tue, il le menace de le laisser mourir de faim.
Beckett propose des sortes de fausses pistes policières comme le coffre : qu'y a-t-il dedans ?
Comme dans En attendant Godot, on assiste à une attente infinie dans Fin de Partie.
Hamm et Clov se détestent-ils ?
A la fin, ils se remercient, ils sont liés inexorablement. Quel est le véritable dénouement ? Car si Clov part, tout le monde meurt. Beckett pose et maintient cette situation immobile. Tout est joué d'avance. Pourtant il arrive aux spectateurs et aux personnages de croire qu'il va se passer quelque chose, mais il n'y a pas d'évolution.
Les pistes sont des illusions de mouvements en trompe l'oeil. Elles sont indispensables pour que la pièce aille aux limites de cette avancée immobile. On assiste à un schéma actantiel. Hamm et Clov veulent en finir avec le temps, ils veulent mourir, ils sont les opposants (...)
[...] Je me ferais un oreiller de sable et la marée viendrait ; J'irais dans les bois. Nagg et Nell parlent de leur voyage de noce, de leur accident de Tandem. Clov et Hamm abordent le départ de Clov sans arrêt. On a l'impression que c'est le néant, que le temps est immobile. La problématique est la suivante : le temps passe ou pas, on observe la récurrence de la didascalie (Un temps). Le temps est immuable, inchangeable. Le temps est fondamental car on s'y heurte tout le temps. On ne peut ni l'arrêter, ni l'accélérer. [...]
[...] La population est à la recherche d'un souffle de liberté, de relâchement. Apparaissent alors des pièces légères et distrayantes. Ex : Feydeau Patate ; Marcel Achard, André Roussin, Anouilh Antigone ; Sartre Huis Clos : développe le terme de l'absurde, de l'engagement avec Les mains sales, le Diable et le bon Dieu ; Camus Caligula, Les justes. Ionesco (1912 1994) : Notes et contre-notes (1962) Beckett (1906 1989) : bouleverse le théâtre traditionnel, sans intrigue, architecture, énigmes, caractères. Adamov (1908 1970) : met en scène l'inconnu, sans identité. [...]
[...] IV/ Le titre Fin de Partie Fin : point d'arrêt du temps, finalité, moyen, but. Partie : portion, fraction, partie adverse, partage, partie d'échecs (Beckett s'est inspiré du tableau de Marcel Duchamp Partie d'échecs Il privilégie l'idée d'achèvement et d'échange. Il suggère la phase finale dans laquelle les personnages sont engagés dans un rapport de jeu particulier, le rapport au temps. La pièce est liée à l'univers du jeu. En 1957, Beckett déclare à un acteur interprétant Hamm à Berlin : Hamm est un roi dans cette partie d'échecs perdue dès le début, d'entrée il sait qu'il fait des coups tonitruants mais dépourvus de sens Cette partie d'échecs est perdue d'avance. [...]
[...] Les rires dénués de joie sont une façon de supporter cette existence. IV/ Un monde cataclysmique Suite à la 2ème GM et à la bombe atomique, FDP apparait comme un monde post- catastrophe. C'est un monde désert où leur maison semble être un abri avec les 4 personnages pour uniques survivants qui subissent la pénurie (plus de bouillies, ni de calmants, ni de sciure). Les seuls animaux présents sont des parasites (puce et rat). Les deux petites fenêtres haut placées font penser à une sorte de bunker. [...]
[...] Il cherche à maintenir le public à une distance du théâtre. Beckett à faire de son théâtre, un théâtre métaphysique. Le paradoxe de cette œuvre réside dans le fait que l'on commence par la fin de la partie. Tout le programme tient dans le titre. La pièce est cyclique. Après avoir reposé le mouchoir sur sa figure, peut- être que tout va recommencer ? Clov se dirige vers la sortie mais on ne sait pas s'il sort. On parle de temps zéro, d'absence de temporalité. [...]
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