Salon de 1767, Diderot, abstrait, art, XVIe, XVIIIe siècle, philosophe des Lumières, Hubert Robert, concret, Nicolas Bouvier, bac de français
Cette copie a obtenu 20/20 au Baccalauréat de français de 2023 !
La littérature d'idées regroupe des textes d'argumentation. Cette dernière peut être directe, c'est le cas pour les pamphlets, les essais ou les discours, par exemple. Elle peut également être indirecte, comme pour les portraits ou les apologues, celui-ci signifiant d'ailleurs théologiquement « narration » (du latin « apologuos »). Il ne s'agit pas d'une simple argumentation, puisque les textes de la littérature d'idées ont une visée esthétique : l'auteur cherche alors à produire une véritable oeuvre littéraire qui sera fondée sur un travail langagier construit et approfondi pour satisfaire au mieux les potentiels lecteurs. Ce genre littéraire a évolué principalement entre les XVIe et XVIIIe siècles, traversant divers mouvements idéologiques et philosophiques.
[...] Basculer de l'abstrait au concret provoquerait chez l'auteur, comme chez n'importe quel lecteur, une effusion de sentiments et d'émotions générées : regret « je regrette » ligne 14, la peur et l'incompréhension « je m'alarme et me rassure », « je m'interroge » ligne 16, « qui s'ébranlent » ligne l'effroi « je frémis » à la ligne 13, la tristesse ou la crainte « verser des larmes sans contrainte » dans la dernière ligne. Ces émotions peuvent également être un peu plus positives : le calme qui lui permettrait de goûter à « la douceur de son repos » ou « un sentiment tendre », respectivement aux lignes 19 et 20. Dans la même dynamique, la description du tableau conduit Denis Diderot à une réflexion sur son rapport à la vie et à sa vie. [...]
[...] Et c'est d'ailleurs ce que fait Diderot en décrivant la peinture de Robert et le monde qu'elle représente : « un rocher qui s'affaisse. », « un vallon qui se creuse » . tout ce monde semble s'effondrer sur lui-même. C'est aussi le cas du temps, que l'auteur pourrait associer à « un torrent » à la ligne qui « entraîne les motions les unes sur les autres, au fond d'un abîme commun », ce dernier n'étant autre que cette fatalité, même le « marbre des tombeaux tombe en poussière » à la ligne 5. [...]
[...] Malgré tout, même si le mot "mort" n'est nullement explicitement écrit dans le texte, il semble cependant intéressant pour le lecteur de s'interroger sur la vision de la fin de vie entretenue par Diderot. Bien qu'imprégnées de pensées noires en apparence, il est fort possible que l'auteur envisage une forme de vie après la vie, auquelle les deux mondes et leur rapport abstrait-concret feraient référence. C'est d'ailleurs cette thématique-là qu'il traite dans le second paragraphe. La marque du conditionnel « si » est répétée six fois à partir de la ligne 12, grâce au procédé de parallélisme, donnant des indications au lecteur sur la nature de l'au-delà : « périlleux » ou baignant dans un contexte « de secret et de liberté ». [...]
[...] « La littérature d'idées est le meilleur moyen de comprendre le monde et de se comprendre soi-même », disait Albert Camus, écrivain français du XXe siècle, connu notamment pour son œuvre L'Étranger, dans lequel il aborde également des idées existentialistes. Il est rejoint par Carlos Ruiz Zafón, écrivain espagnol décédé en 2020 : « C'est un miroir, on y voit ce que l'on porte en soi-même ». Ainsi, ce texte s'inscrit dans la lignée de ceux d'autres philosophes des Lumières, comme Voltaire, et pousse le lecteur à s'interroger et à nuancer sa vision de la réalité. Annexe : Certificat de note - Cette copie a obtenu 20/20 au baccalauréat de français 2023. [...]
[...] L'odorat pourrait être associé à « poussière » (l.3) et la vue est le premier sens évoqué lors de la description du tableau par l'auteur, analysant avec soin (« je jette les yeux ») le tableau et utilisant des procédés pour restituer au lecteur sa vision : une accumulation, une énumération à la ligne 16 de tous les éléments composant la toile d'Hubert Robert, tels qu'un rocher qui s'affaisse, une « falaise qui chancelle », un « vallon qui s'écroule ». Tous ces éléments naturels sont d'ailleurs personnifiés, accentuant le degré de réalité de l'œuvre décrite. Le tableau semble alors au lecteur animé, empli de vie au-delà des émotions de Diderot. De plus, cette description du tableau semble être intime et personnelle pour l'auteur. Diderot, malgré l'utilisation d'un registre de langage soutenu, parvient à transmettre au lecteur l'importance que semble prendre l'œuvre d'Hubert Robert et son analyse. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture