Diderot, Salon de 1763, tableau, art, La chasteté de Joseph, Deshays, lyrisme, critique
Le Salon de 1763 est le deuxième qui va permettre à Diderot d'exercer son art de la critique, mais aussi de montrer à quel point il peut exceller dans la maîtrise de cet exercice difficile. Si la critique consiste à restituer par les mots des tableaux absents pour le lecteur, il apparaît d'emblée qu'avec la critique que Diderot fait du tableau La Chasteté de Joseph de Deshays, il souhaite marquer durablement les esprits, quitte à verser dans un lyrisme exacerbé.
[...] Salon de 1763, La Chasteté de Joseph - Diderot (1763) - Comment Diderot parvient-il à combler l'insuffisance inhérente à la faiblesse d'une description, pour rendre compte avec autant de force de l'image ? Le Salon de 1763 est le deuxième qui va permettre à Diderot d'exercer son art de la critique, mais aussi de montrer à quel point il peut exceller dans la maîtrise de cet exercice difficile. Si la critique consiste à restituer par les mots des tableaux absents pour le lecteur, il apparaît d'emblée qu'avec la critique que Diderot fait du tableau La Chasteté de Joseph de Deshays, il souhaite marquer durablement les esprits, quitte à verser dans un lyrisme exacerbé. [...]
[...] Il choisit la provocation ironique en se faisant profane moqueur ( « Je ne sais si ce tableau est destiné pour une église ») avant « d'enfoncer le clou » avec un vocabulaire emprunté au champ lexical de l'Enfer (« damner », « diable »). Vient ensuite la description à proprement parler. Là encore, Diderot accumule les figures de style visant à traduire l'émotion poussée à son paroxysme qu'il a lui-même éprouvée : répétitions et hyperboles exclamatives (« Qu'elle est belle qu'elles sont belles . », « O l'admirable demiteinte . »), accumulation d'adverbes et d'adjectifs appréciatifs (« inexprimable », « infiniment », « admirable »). [...]
[...] En étant ainsi dans l'exclamation permanente, Diderot souhaite montrer qu'il est capable de combler les lacunes de la description en offrant le rendu le plus expressif possible de l'oeuvre. Il convoque également pour cela son « imagination active » qui, au risque de s'éloigner de la réalité, va lui permettre de transformer l'oeuvre picturale de Deshays en ?uvre littéraire qui lui appartient. * Même si le critique se doit d'être fidèle à l'art, il ne contente pas, comme nous l'avons souligné, d'une simple description objective mais se réapproprie la notion d'ekphrasis en allant bien au-delà d'une éloge classique de l'oeuvre. [...]
[...] Avec la critique de La Chasteté de Joseph, Diderot ne fait pas seulement de son lecteur un voyeur au sens propre, il lui permet également de découvrir la jouissance contenue dans les mots. Il rappelle ainsi ce que Baudelaire écrira un siècle plus tard, en s'adressant à son lecteur dans l'épilogue des Fleurs du Mal : « Ô vous, soyez témoins que j'ai fait mon devoir / Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte / Car j'ai de chaque chose extrait la quintessence / Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or ». [...]
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