Salammbô, Gustave Flaubert, La Mort de Mathô, Madame Bovary, Carthage, Patoeques, Eschmoûn, Melkarth, Narr'Havas, communion du sacré, mythes, religions
Cinq ans après le scandale suscité par Madame Bovary ; Gustave Flaubert publie en 1862 un roman au sujet diamétralement opposé. S'appuyant sur le goût pour le roman historique, initié outre-manche par Walter Scott, et le désir d'exotisme en vogue en cette moitié du siècle ; Salammbô reçoit un accueil mitigé des critiques malgré un succès évident...
Ce chapitre final vient clore trois ans d'une guerre éreintante pour la cité punique. L'on vient y célébrer le mariage de Salammbô, héroïne éponyme, et fêter l'exécution du dernier ennemi de Carthage. Mathô, qui vient nommer ce quinzième et dernier chapitre, cristallise en lui toute la rancoeur des carthaginois envers cette interminable guerre. Il sera lynché lors d'une procession à travers la foule avant de s'effondrer enfin aux pieds de son amante.
[...] p architecture, et donne l'effet d'une réappropriation de la cité par les prêtres et marque leur hiérarchisation. Cette hiérarchie est mise en exergue par la place de Salammbô sur une espèce de trône taillé dans une carapace de tortue (p.371, l.109-110). Salammbô, assise au-dessus de tous, ayant ainsi autour d'elle le peuple à ses pieds, le firmament sur la tête, et autour d'elle l'immensité de la mer [ ] (p.372, l.148-150) personnifie et incarne la cité même, le génie de Carthage. Accompagnée de son père et de son mari, le trio combine sommet politique et architectural. [...]
[...] Flaubert parvient ainsi à conclure deux aspects de son œuvre, la matière fictive et historique, en un même mouvement de l'action et concilie ainsi les évènements pluriels de la guerre et ceux, individuels, de la passion amoureuse ; à l'image d'une Carthage divisée mais réunifiée par cette scène finale du dénouement. Salammbô et Mathô deviennent ainsi les avatars du mouvement même des évènements du roman, subissant et créant tour à tour l'horreur comme le plaisir. Ils sont les incarnations des forces en branle à Carthage, l'expression du combat que se livrent les dieux par l'intermédiaire des hommes. L'importance des regards dans ce chapitre en témoigne. [...]
[...] La cité tombera, fuyant vers sa propre perte tel Mathô marchant vers sa propre mort. Car les mythes se poursuivent, l'histoire suit son cours et les passions réapparaissent toujours. Flaubert conclurait ainsi : L'histoire est toujours à refaire Et il nous prouve à travers son œuvre l'Histoire est exempte de morale. p ANNEXES [Figure2] Illu.S.R. Lagneau [Figure1] Illu. G.A. Rochegrosse [Figure3] Illu. P.G. [...]
[...] Le regard de Mathô au supplice devient le reflet de cette foule acharnée. Juste avant sa descente des escaliers du temple d'Eschmôun, il est précisé qu'il est défendu ( ] de lui crever les yeux, afin qu'il puisse voir jusqu'au bout sa torture [ ] et lorsque le chef des mercenaires arrive au bout de son calvaire, il est dit qu' il n'avait plus, sauf les yeux, d'apparence humaine [ ] (p.376, l.290). Le regard de Mathô borne le début et la fin de sa torture, qui est en soi un spectacle donné à voir. [...]
[...] La tenue et la coiffure de Salammbô sont également longuement décrite, nous y reviendrons plus en détail, mais notons que sa toilette richement parée et sophistiquée, mêlant tissu, métal et pierres précieuses, est faite pour impressionner et devient un instrument de l'affirmation de la puissance de son rang. Elle est prise dans un réseau de mailles étroites imitant les écailles d'un poisson [ ] (p.372, l.115-117.) cette imitation rappelle à l'évidence les poissons sacrés tué par les mercenaires dans le bassin d'Hamilcar lors du premier chapitre, les ressuscitant à travers la tenue ostentatoire de la jeune fille. p Hamilcar et Narr'Havas revêtent également des tenus richement parées. [...]
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