Je ne sais comment je dure, Christine de Pisan, douleur, poésie, condition humaine, commentaire
- Écrit entre 1390 et 1400, cette oeuvre a été modernisée pour sa compréhension.
- Christine de Pisan perd son mari à l'âge de 25 ans après 10 ans de mariage.
- Cet événement lui est quasiment fatal dans la mesure où à cette époque une femme qui ne se remarie pas après la mort de son mari est condamnée financièrement et socialement.
[...] A cet effet, nous pouvons voir le champ lexical de la douleur, avec dolent au vers 2 ; ire au vers 2 ; plaindre au vers 3 ; douloureuse au vers 4 ; Ma dolente vie obscure au vers 5 ; mort au vers 6 et soupire au vers 9. Le sentiment central du poème est donc posé. Mais celui-ci occupe une place très importante pour la poétesse. Le lyrisme apparaît ainsi sous différents aspects : Les sentiments évoqués sont donc personnels, en témoigne d'ailleurs l'utilisation récurrente de la première personne du singulier je aux vers et 12. Également, la poétesse utilise des adjectifs possessifs tels que : mon aux vers 2 et 10 ou encore ma aux vers 4 et 5. [...]
[...] Cette émotion s'impose ensuite à l'esprit de par le non respect des règles normalement absolues de la langue française : - D'abord, la présence d'heptasyllabes qui est un vers rare dans la langue française comme au vers 5 par exemple Ma dolente vie obscure - Mais aussi avec la résonance du muet qui s'inscrit à rebours des règles de la langue française dans la mesure où celles-ci obligent une alternance entre rimes féminines (comprenant un muet) et les rimes masculines (concernant tous les autres rimes) B/Un balancement fascinant Devant une douleur qui ne cesse jamais, la seule issue possible qui apparaît, c'est la mort. Celle-ci est d'ailleurs évoquée dès le vers 6. Cette souffrance durable et sans issue s'exprime également par l'emploi du présent à valeur durative comme si chaque jour était une nouvelle mort. Elle ne sait comment continuer à vivre. [...]
[...] Conclusion Nous pouvons donc voir que ce poème permet à la poétesse d'exprimer dans un premier temps des sentiments lyriques virant sur l'élégie de par leurs caractères à la fois de tristesse et de regret. Pourtant, la mort apparaît, elle acquiert une importance fondamentale. En effet, Christine de Pisan endeuillée lors de l'écriture de ce poème ressent une profonde douleur. Cette douleur peut d'ailleurs s'appliquer à chacun : tous les lecteurs pourraient s'identifier à cette profonde tristesse. Mais en réalité, elle révèle un drame intérieur, qui ne peut s'exprimer et qui doit passer seulement par la poésie pour transcender les convenances sociales et à terme, la mort. [...]
[...] Le lamento, je ne sais comment je dure au vers 1 renforce justement cette impression. - Ensuite, un parallélisme de construction est présent, sur le vers 4 : ma douloureuse aventure poursuivit au vers 5 Ma dolente vie obscure - Enfin, un effet de cascade s'observe avec la conjonction de coordination Et au vers et qui continue au vers 10 puis interrompu par le mais au vers 11. Cette période marquant la tristesse est marquée par une volonté de cacher la douleur : et plaindre n'ose au vers accentué par la conjonction de coordination ni au même vers : ni dire Également le nom commun vie au vers 5 est encadré par les deux adjectifs qualificatifs épithètes dolente et obscure C'est donc un balancement entre la vie à la mort qui se crée. [...]
[...] La conscience, elle, persiste avec la répétition du je aux vers ou encore 11 et 12. Si c'est une marque de lyrisme, l'on peut donc voir à travers les lignes de ce poème un sens différent permettant à chacun de se trouver dans le poème. La douleur marquée par son le champ lexical, avec dolent au vers 2 ; ire au vers 2 ; plaindre au vers 3 ; douloureuse au vers 4 ; Ma dolente vie obscure au vers 5 ; mort au vers 6 et soupire au vers 9. [...]
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