Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve, roman autobiographie, biographie, genre biographique
« Un livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices. Ce moi-là, si nous voulons essayer de le comprendre, c'est au fond de nous mêmes, en essayant de le recréer en nous, que nous pouvons y parvenir ».
[...] La biographie, en admettant qu'elle puisse être exacte, présente une image de l'auteur qui peut ne représenter en rien ce qu'il était réellement, et, qui ne nous aidera en rien sur son vrai « moi » intérieur. Romancer une biographie, c'est dénaturer peut-être le véritable « moi » de l'auteur. Certains auteurs se plaisent dans leurs œuvres à brouiller les pistes. Si bien que le lecteur ne sait pas si le roman est autobiographique ou ne l'est pas. Il recrée un monde, avec des personnages fictifs au premier abord, mais on frôle le roman autobiographique. Le Diable au corps en est un exemple parfait. [...]
[...] » Constant a recouru à l'écriture intimiste comme le confirme ses nombreuses lettres échangées avec ses amies ainsi que la rédaction régulière de ses journaux intimes de 1804 à 1816. Peut-on se fier à ces écrits ? Certainement Ils nous éclairent sur le caractère de l'auteur, sur qui il était vraiment, et, sur la genèse de ses écrits. Constant a aussi retranscrit son vécu dans ses écrits autobiographiques. L'écriture pour Constant, c'est une chose curative. Il va se soigner des épreuves de la vie par l'écriture. [...]
[...] A en croire Proust, l'écriture c'est bien plus que cela. L'écriture, c'est une division de la personnalité. Il y a une différence entre l'homme et l'instance créatrice. Proust, dans son Contre Sainte-Beuve soulève des questions et tente d'affirmer son point de vue. En réalité, Proust se heurte à un genre littéraire né au XVIIème siècle, la biographie, ou encore le roman autobiographique. Sainte-Beuve est l'un des premiers critiques du XIXème siècle. Mais il est surtout fondateur de la méthode biographique. [...]
[...] Alice a six ans de plus que Marthe etc. Finalement, la fiction, ce n'est pas le reflet du réel. C'est un réel transformé et romancé. Par exemple, le lecteur sait ce que Marthe ou des personnages secondaires, pensent réellement. Le narrateur se glisse dans ses pensées. Ce qui est impossible dans une autobiographie, puisque seul ce qui est vécu par l'auteur, est écrit. Radiguet tente-il de faire dans le Diable au corps une autobiographie détournée en fausse autobiographie ? Le « moi » de l'auteur est différent de celui de l'œuvre. [...]
[...] Proust, dans sa réflexion se répond finalement à lui-même. « Un livre est le produit d'un autre moi que nous manifestons dans nos habitudes. » Proust, écrivain, s'adresse à un critique, à un homme qui a forcément une légitimité. C'est un dialogue entre écrivains, et, ce « nous » indique bien qu'il s'agit de ces hommes de lettres. Finalement, le simple lecteur ne serait pas en mesure de comprendre ce véritable « moi » de l'auteur, et ne pourrait donc pas dépasser le plaisir de la lecture. [...]
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