Victor Hugo, "Ruy Blas", Acte III scène 3 : commentaire

Résumé du document

Ruy Blas, héros romantique par excellence, est un simple laquais qui a réussi à intégrer les plus hautes sphères de l'état. Il est parvenu à cet exploit bien malgré lui dans la mesure où son maître, Don Salluste, a besoin de lui. Ce dernier, qui cherche à punir la reine, introduit Ruy Blas dans la haute société en le faisant passer pour Don César, son frère disparu depuis quelques années. La mission de Ruy Blas est de séduire la reine pour venger Don César (...)

Extraits

[...] De l'autre côté, la reine voit en Ruy Blas l'amour qu'elle n'a jamais connu. Elle aussi veut sortir de son emprisonnement. Pour cela, elle s'emploie à convaincre Ruy Blas de ses qualités. Victor Hugo associe donc ici avec force l'amour et la politique. Au final, il n'est pas inintéressant d'établir un parallèle entre cette histoire d'amour et l'amour courtois du Moyen Âge dans la mesure où ici, Ruy Blas, un homme de condition modeste, est amoureux de la reine d'Espagne. Cet amour impossible est effectivement sublimé parce qu'il est désintéressé. [...]

[...] Peut être aussi que la reine complimente énormément Ruy Blas pour qu'à son tour il révèle ses sentiments ? Ruy Blas se dévoile Cette manœuvre est d'ailleurs payante puisque la réponse de Ruy Blas comme par Parce que je vous aime ! Le point d'exclamation rend la réponse de Ruy Blas encore plus forte. Il répond ici à l'éloge de la reine en attribuant ses qualités à son amour pour elle. Il lui attribue de fait toutes les qualités qu'elle vient d'énumérer, car elle en est la cause. [...]

[...] Ruy Blas se sent indigne de celle qu'il aime. C'est un cas typique. Il imagine d'ailleurs son entreprise vaine étant donné qu'il explique qu'il pense à [la reine] comme l'aveugle au jour et il ajoute hélas ! Le vous m'éblouissez confirme cela. Pour Ruy Blas, la solution réside dès lors dans la fuite J'ai fui. Je vous fuyais. Mais là, l'amour réciproque rend la situation différente. Il semblerait même que l'amour réconcilie ici le jour et l'ombre qui sont pourtant opposés. [...]

[...] pour revenir à Ruy Blas avec l'exclamation Mais vous ! A ses yeux, seul Ruy Blas compte. C'est pourquoi, ici, parler du roi paraît la rendre indifférente voire la gêner. La reine révèle ses sentiments, car elle parle de Ruy Blas avec emphase : vous aviez superbement raison. Elle dresse un portrait de lui sans équivoque. Il est présenté en homme juste voire dur, mais dénué de haine à travers la formule votre œil, irrité, sans furie. Ruy Blas est donc glorifié par les paroles de reine. [...]

[...] Elle l'attend : Je suis prête et Quand vous m'appellerez, je viendrai. Elle veut, pour finir, le placer au même niveau qu'elle puisqu'elle dit que le génie est couronne. La scène se conclut par un baiser. On passe de la parole aux actes. Le Adieu final, lui, est paradoxalement un espoir, l'espoir de revoir Ruy Blas. Conclusion : On peut dire que dans cet extrait, l'histoire d'amour entre Ruy Blas et la reine est à un tournant. Les deux personnages s'avouent leur amour et la souffrance réciproque qui en découle. [...]