Ruy Blas, Victor Hugo, acte V scène 2, discours romantique, drame romantique
En se libérant des lois du classicisme qui étouffent le génie de l'écrivain, le drame romantique se veut témoin de la complexité de l'existence. En effet, ce genre, fondé sur les contradictions, mêle sublime et grotesque. Nous étudierons la seconde scène du cinquième acte de Ruy Blas, œuvre de Victor Hugo. A ce stade où le dénouement de la pièce est imminent, comment la montée de la tension se manifeste-t-elle ? Pour répondre à cette problématique, nous verrons comment Hugo a recours à certains procédés du mélodrame, pour ensuite examiner le discours romantique lui-même et enfin nous pencher sur la danse des masques
[...] Parmi ces procédés qu'emploie Hugo dans cette scène afin de produire un effet spectaculaire, nous retrouvons les coups de théâtre, les effets appuyés et les quiproquos. A un point où le spectateur attend le dénouement, les revirements qui caractérisent le drame romantique ne manquent pas d'intervenir. En effet, deux coups de théâtre ont lieu. Le premier, exprimé par la toute première didascalie de la scène (« entrant »), se produit si rapidement que Ruy Blas et le spectateur, faute de temps de l'assimiler, en sont déstabilisés. [...]
[...] est-il de haute taille ? Cet homme, quel est-il ? » (v.86-87). Nous retrouvons les registres lyrique et pathétique dans les propos de Ruy Blas. En effet, il fait preuve d'un lyrisme caractéristique du courant romantique lorsqu'il file une métaphore visuelle et à la fois sonore dans laquelle il compare la vie de la reine à un fleuve de sang (« à chaque instant, comme d'un cœur qui saigne, Je sens que votre vie à flots coule et s'en va » v.66-67). [...]
[...] Lorsque les didascalies indiquent « Il regarde avec stupeur, comme ne pouvant aller plus loin », nous comprenons que Ruy Blas se rend compte du piège qui se referme sur les deux protagonistes. Ainsi, le public en sait autant que le héros, mais bien plus que la reine, d'où le caractère terrible de cette scène. D'ailleurs, le désarroi de cette femme est souligné par ses interrogations : « Qu'ai-je donc fait ? » (v.62), « Comment ? » (v.63). Nous avons vu que les différents procédés du mélodrame employés dans cette scène font appel à divers détails de l'action brillamment tissée par Hugo. [...]
[...] D'ailleurs, Don Salluste est diabolisé tout au long de la pièce. Dans cette scène, nous remarquons une antithèse entre « Dieu » et « Satan ». La façon dont ces termes sont disposés, « Dieu » (v.71) en tête de vers et « Satan » (v.84) à la fin marque cette opposition. Les exclamations instinctives des protagonistes témoignent de leur ferveur : « Dieu » (v.46, « Ô mon Dieu » (v.61, « Ô ciel » (v.62), « Bonté divine » (v.73). [...]
[...] Ruy Blas est un héros en proie à une dualité, voire même à de multiples contradictions qui font toute la complexité de ce personnage. Il est tantôt le laquais de Don Saluste, tantôt Don César, tantôt la main du diable, tantôt celle de Dieu Dans cette scène, ceci est souligné par ses divers apartés. Ce sont alors Ruy Blas et Don César qui parlent dans cet extrait. En outre, le héros éponyme est contraint de cacher son identité et préfère emporter le secret de sa duplicité avec lui à la tombe afin de sauver l'honneur de la reine. [...]
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