Le poème de Rutebeuf étudié dans ce travail est La Repentance Rutebeuf. Il fait partie de la série des poèmes les plus connus de l'écrivain : les poèmes dits de l'infortune.
Il est aujourd'hui difficile de bien comprendre la signification de cette oeuvre ainsi que le rôle qu'elle a joué dans la vie et la carrière de l'écrivain. Quand a-t-elle été écrite ? (...)
[...] Dans les deux premières strophes, on remarque que Rutebeuf alterne régulièrement la qualité de ses rimes. Dans la suite du poème, cette régularité est nettement moins perceptible, sans pour autant être totalement absente. Dans la quatrième strophe, il y a une rupture de la strophe d'Hélinand : nous retrouvons la suite de rimes ba aux vers 43 et 44, au lieu de aa. Cette rupture a peut-être pour but d'attirer l'attention du lecteur, ou de l'auditeur, sur ce passage particulier du poème où Rutebeuf demande indirectement à la Vierge Marie de soigner son cœur et d'intercéder en sa faveur pour le salut de son âme. [...]
[...] Enfin, il y a deux annominations. La première se trouve au vers 45 : De male rente m'a rentei, et la deuxième est aux vers 82 et 83 : Por cest siecle qui se depart / Me couvient partir d'autre part. Henry Lucas qualifiait ces jeux formels de puérils et inutiles les considérants comme l'un des principaux défauts de l'écriture de Rutebeuf. Au contraire, ces quelques figures témoignent de la maîtrise technique de l'écrivain. Elles lui permettent d'insister sur certains passages importants de ses poèmes Divergences entre les différents manuscrits La Repentance Rutebeuf est un titre donné par le copiste. [...]
[...] Il est vrai que Rutebeuf dit devoir abandonner la rime dans le premier vers mais, selon certains, il n'aurait sans doute pas tenu ses promesses car il ne s'agirait pas là de son dernier poème, ce qui nous reconduit à nouveau devant le problème de la datation. Dans La Repentance, Rutebeuf fait un inventaire de ses fautes et de ses frivolités. Sa lucidité est étonnante : le poète ne cherche à aucun moment à se dérober. Il est conscient de sa responsabilité, conscient que Dieu lui a donné le savoir et qu'il n'a pas su en profiter justement. Il a utilisé ses talents pour vivre en parasite aux dépends d'autrui. [...]
[...] L'octosyllabe est le mètre le plus utilisé par Rutebeuf : on le retrouve dans 38 de ses poèmes. La structure des rimes est celle de la strophe d'Hélinand : aabaabbbabba. L'utilisation de ce schéma strophique a sans doute influencé Bastin et Faral dans leur hypothèse de datation tardive car depuis son apparition, la strophe d'Hélinand est utilisée par les poètes (notamment Jean Bodel, Baude Faustoul et Adam de La Halle) dans des poèmes de congé. Mais ce schéma se retrouve aussi communément dans des poèmes de repentance et d'adieu à la vie de pécheur. [...]
[...] Mais le poète craint de se repentir trop tard et de subir un lourd châtiment. Dans le début du poème, on voit qu'il exprime sa peur. Il espère cependant ardemment la rédemption de Dieu, en qui il croit profondément. Il implore la Vierge Marie, à qui il semble vouer une véritable admiration, d'intercéder pour lui auprès de Dieu, sans quoi il lui serait impossible de se faire pardonner. Cette prière à Marie semble être un élément primordial de La Repentance, car c'est à cet endroit qu'intervient la rupture de la strophe d'Hélinand[16]. [...]
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