Rue des boutiques obscures, Patrick Modiano, 1978, mémoire, oubli, répression anti-juive, Guy Roland
Guy Roland recherche son identité perdue. Il découvre peu à peu qui il est, force de rencontres, d'évocations, de photographies, de fichiers administratifs et de souvenirs des autres. Tout au long du roman, la narration à la première personne permet de suivre l'enquête de Guy sur lui-même sans qu'il y ait de fuite ; tout ce que nous apprenons provient de ses propres recherches, des pistes qu'il suit. Nous dépendons ainsi de sa subjectivité et des souvenirs qu'il fait resurgir chez les personnes qu'il rencontre. Jusqu'au chapitre XI, où on le reconnaît peut-être sur une photographie, Guy avance à tâtons, au chapitre XV, il est enfin identifié physiquement. Guy serait Pedro et travaillait à légation dominicaine. Ensuite, au chapitre XVIII, XXI et XIV ses propres souvenirs commencent à émerger, le puzzle prend forme. Dans le chapitre XXVI, le « je » en charge de la narration est remplacé par une instance extérieure. Elle dévoile le souvenir d'un personnage qui a rencontré Pedro lorsque ce dernier cherchait à quitter la France pour échapper à la répression anti-juive.
[...] Nous dépendons ainsi de sa subjectivité et des souvenirs qu'il fait ressurgir chez les personnes qu'il rencontre. Jusqu'au chapitre XI, où on le reconnaît peut-être sur une photographie, Guy avance à tâtons, au chapitre XV, il est enfin identifié physiquement. Guy serait Pedro et travaillait à légation dominicaine. Ensuite, au chapitre XVIII, XXI et XIV ses propres souvenirs commencent à émerger, le puzzle prend forme. Dans le chapitre XXVI, le je en charge de la narration est remplacé par une instance extérieure. [...]
[...] Maintenant nous allons voir plus précisément les caractéristiques du souvenir qui émerge lors de la balade. Le souvenir est quelque chose de subjectif, il est toujours le souvenir de quelqu'un. Seule peut changer la façon dont il est rapporté : je rapporte le souvenir de quelqu'un ou je rapporte mon propre souvenir. Si dans ce chapitre le régime de narration devient hétérodiégétique, le point de vue extérieur est néanmoins centré sur l'homme ; on a accès à son souvenir de façon en apparence objective, mais contaminé en réalité par sa subjectivité ; d'où une présence particulière de Pedro, marqué par des indicateurs divers et par les impressions de l'homme. [...]
[...] L'enfant semble occuper une place symbolique, reflet du contenu du chapitre, qui oscille entre ouverture et enfermement. Le père le tient par la main, ou le laisse courir devant lui, évoquant la liberté et la sécurité. Lors de ses promenades, l'enfant s'arrête toujours devant la confiserie A la Reine Astrid il s'amuse aussi à sauter par-dessus les rayons du soleil qui (strient) le trottoir Cela évoque l'insouciance d'un âge où la vie est protégée. C'est l'atmosphère qui parle, l'impression que Pedro fait au personnage. [...]
[...] C'est à travers les dialogues, ou plutôt des traces de dialogues que la situation est évoquée plus précisément. Dans le paragraphe c'est le personnage inconnu qui parle en premier lorsqu'il lui donne la lettre avec l'argent, Voilà, lui dit-il, je vous ai rajouté la moitié du bénéfice S'ensuit le remerciement de Pedro signifié par le remercia La parole du personnage est incluse dans la narration, dans l'action, il n'y a pas de signe qui annonce qu'une phrase va être prononcée, et enfin le remerciement de Pedro est comme silencieux. [...]
[...] Cette époque dont il parle lui appartient autant qu'elle appartient à Pedro, ils la vivent tous deux, mais pas de la même façon. C'est comme s'il constatait que l'époque voulait ce genre de situation. C'est cette réplique que Pedro se remémorera p 210. Cette réponse qu'il peine à trouver marque à nouveau l'idée d'un dialogue par trace, comme deux monologues qui ont du mal à se souder. Par la suite, Pedro prend à nouveau la parole et cette fois-ci l'impression d'un monologue est encore plus marquée. [...]
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