Etre le plus spontané possible signifie faire preuve d'une grande oralité ; en effet, le but de l'écrit est de se rapprocher au maximum de l'oral. Les interjections sont comme des mouvements de l'âme irrépressibles, des cris du coeur : "ah", un soupir interrompt le langage pour y faire ressortir l'émotion. Les répétitions sonnent comme une formulation qui est en train de se faire ; comme si il cherchait ses mots (...)
[...] Le vocabulaire des sentiments, des émotions est très fort et très présent. Le langage du coeur est différent de celui de la raison. Les impératifs montrent un désir impérieux, un élan spontané, un amour ardent, irrépressible. A la fin le passage du au "vous" (vouvoiement) permet de mieux faire sentir, par contraste, l'intimité des coeurs, en opposition aux liens sociaux (femme mariée-précepteur). Cela rappelle la distance sociale, pour mieux faire ressentir le caractère brûlant de son amour. Les vocatifs marquent l'adoration et l'exaltation. [...]
[...] La fugitivité est exprimée de façon redondante, comme si le narrateur n'arrivait pas à se faire à l'idée. Les mots à valeur absolue intensifient le caractère extrême de l'éphémère du bonheur : "jamais", "toujours". Il fait ressentir l'urgence grâce à des adverbes qui intensifient "même", "déjà", "sans cesse" aiguisent le sentiment d'imminence, de proximité. L'utilisation du présent (lignes 5 et 12) comme si on assiste impuissant à un processus qu'on ne peut arrêter, irréversible. Le futur (ligne laisse une impression d'inéluctable. [...]
[...] Le lyrisme est enthousiaste, exalté et déchaîné ; libéré, affranchi des convenances, des normes. La libération du coeur est différente de celle de la raison ou du calcul. Le rythme est plus rapide et haletant. La lettre est comme un tourbillon d'exhortations. En même temps l'amour est très pur ("mon âme", "tendre", "chère", "le bonheur de l'autre est plus important que le sien", "t'adorer" un amour presque céleste, réservé aux divinités), un amour non plus face aux hommes (fuient la civilisation) mais face au Ciel. [...]
[...] Rousseau resserre les sentiments humains, l'authenticité, la sincérité de l'émotion humaine. Dans le recherche d'un plaisir extrême, il s'éloigne de l'épicurisme et veut une vie simple, refuse le superflu pour accéder à l'essentiel (sentiments). Le bonheur ne passe pas par le confort, l'espoir d'un paradis, ou encore le bien-être matériel, mais par les sentiments, l'épanouissement. L'épanouissement de l'individu par l'individu, le bien-être personnel est typique du XVIIIème siècle. Il annonce les libertés des romantiques. L'Homme naturel est bon, la civilisation corrompt l'Homme. [...]
[...] Lignes 5 et 8 : une longue énumération marque l'affolement et le sentiment d'impuissance. La répétition (ligne intensifie cette angoisse. L'anaphore (ligne rend l'angoisse plus solennelle. Rousseau rebondit sur des conclusions plus enthousiastes (urgence de profiter du temps présent) ; la lettre devient plus dynamique ; il multiplie les impératifs et l'exhortation devient vive et pressante : cf. répétition lignes et 16 qui rythment la lettre, le ton devient plus allègre. L'urgence vivre est la réponse à l'inexorable fuite du temps. Cela emporte Julie dans un tourbillon enthousiaste d'invitations à profiter de l'instant. [...]
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