Commentaire d'un texte de Rousseau extrait de Julie ou la Nouvelle Héloïse sur le bonheur que procure le désir.
[...] Mais est-ce que le bonheur ne peut être que dans la souffrance de l'insatisfaction et le manque ? Tout d'abord, on peut reprocher à l'auteur la vision trop qu'il a du désir, le fait que le désir suffit à nous rendre heureux. Pourtant, Rousseau utilise à 3 reprises le mot passion (L.3,L.12,L.19) qui étymologiquement veut dire souffrance Le désir insatisfait est source de souffrance même si l'Homme est un être qui sera à jamais insatisfait et dont le désir est un moyen de combler ce qui manque à son existence. [...]
[...] Rousseau, dans cet extrait tiré de Julie ou la Nouvelle Héloïse, s'intéresse à la relation entre le désir et le bonheur. Il défend la thèse selon laquelle le bonheur provient du désir et de l'univers qu'il se crée, plus que sa réalisation qui est rendue décevante par la sublimation de l'objet désiré. Ainsi, Rousseau montre le désir comme une alternative au bonheur et à la réalité, qu'il se suffit à lui-même et que le désir est l'essence de l'Homme. Pourtant, l'idée que soutient l'auteur sur le bonheur qu'engendre le désir peut être contestée puisque, tout d'abord, on peut se demander s'il est possible d'atteindre le bonheur ? [...]
[...] Rien ne peut le combler. Le désir semble d'ailleurs refuser sa satisfaction puisqu'à peine assouvi, il s'empresse de renaître. C'est pourquoi on peut accepter la thèse de Rousseau puisque dans la mesure où un désir est à jamais insatisfait, pourquoi vouloir le satisfaire et ne pas simplement imaginé sa satisfaction ? Pourtant, on peut se demander si ne désirer que des choses essentielles et ainsi pouvoir les assouvir, n'est pas source d'une plus grande satisfaction, à l'origine du plaisir et du bonheur en profitant concrètement de ce que la vie nous offre. [...]
[...] Rousseau continue en disant que finalement la vie se réduit à ce qui n'existe pas dans sa réalité, une réalité où le désir se suffit à lui-même. Quoi de plus beau que de vivre avec ce qui n'est pas et imaginer ce que cela pourrait être Il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas puisque l'humanité n'est pas, selon l'étymologie de néant, qui veut dire non-étant et tel est le néant des choses humaines que seul est Dieu l'Être existant par lui-même Dans ce dernier paragraphe, l'auteur modère quelque peu ces propos. [...]
[...] Celui-ci attribue le désir à la naissance d'Éros, fils de Penia (pauvreté) et Poros (richesse). Ainsi, comprendre le désir, comme le fait Rousseau, comme une forme de bonheur puisqu'il rapproche de nous tout ce qui nous manque, définit notre existence comme la quête perpétuelle de ce qui nous manque, notre raison d'exister. Et là se trouverait le vrai bonheur, la tentative de combler un vide. Pourtant, ne vivre le bonheur que dans le désir serait priver l'Homme de vivre sa vie pleinement avec toutes les joies, plaisirs, peines et souffrances qu'elle comporte. [...]
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