Ronsard, le plus célèbre des poètes de La Renaissance, membre de La Pléiade, écrivit de très nombreux poèmes en l'honneur de la gent féminine. Dans sa jeunesse, il composa de belles odes pour Cassandre, jeune fille aperçue à la Cour. Plus tard, il s'éprendra d'une jolie paysanne, Marie ; et, à la fin de sa carrière, il rédigera des sonnets pour consoler la jeune Hélène de Surgères qui venait de perdre son fiancé à la guerre. Même s'il s'agit d'une œuvre de commande (de Claude Catherine de Retz), le recueil Sonnets pour Hélène témoigne de la profonde sensibilité du poète souffrant dans sa chair (il était gravement malade) et dans son amour propre (il n'a plus les faveurs du roi et ne trouve grâce aux yeux de la jeune fille qui ne parvient à oublier son amant). Mais doit-on voir dans le poème « Quand vous serez bien vieille… » la simple déclaration amoureuse d'un vieil amant éconduit ? Au-delà d'un hommage amoureux pour le moins surprenant, nous montrerons que le poète figure en bonne place dans ce sonnet et nous nous interrogerons sur les intentions de l'auteur ainsi que sur la morale qui se dégage de ces vers.
[...] Au-delà d'un hommage amoureux pour le moins surprenant, nous montrerons que le poète figure en bonne place dans ce sonnet et nous nous interrogerons sur les intentions de l'auteur ainsi que sur la morale qui se dégage de ces vers. Une déclaration d'amour surprenante La décrépitude d'Hélène Physique : La beauté d'Hélène n'est évoquée qu'une seule fois dans ce texte et à l'imparfait du temps où j'étais belle (v4). Pour le reste, il dresse le tableau de son avenir. Il l'imagine en vieille dame près du foyer de la cheminée. Il insiste à deux reprises sur la position de repli vieille [ ] assise une vieille accroupie (v11). [...]
[...] Quoiqu'il en soit, elles ont résisté et elles sont toutes deux notoirement connues aujourd'hui grâce aux poètes. Bien plus qu'une déclaration d'amour ordinaire, ce poème renferme deux messages ; l'un, d'une dimension philosophique au sens large : l'épicurisme et le carpe diem. L'autre, d'une dimension culturelle et plus précisément poétique : le poète transcende la Mort grâce à ses vers qui perdureront à travers les siècles. En cela, Ronsard fut visionnaire puisque son œuvre et ses trois muses sont toujours aussi célèbres. [...]
[...] En fait, le seul nom mentionné ici est le sien et ce, à deux reprises. L'une par l'intermédiaire des rumeurs colportées par la servante servante oyant telle nouvelle [ ] Qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant (v5-7). L'autre, par Hélène en personne : Ronsard me célébrait (v4). Le poète est donc certain que son œuvre lui survivra, qu'elle sera immortelle (v3). La vieillesse du poète n'est pas évoquée Ronsard semble se complaire à décrire les méfaits du temps sur le physique de sa bien-aimée, mais, contrairement à Corneille, il n'évoque pas dans ce sonnet, sa propre déchéance. [...]
[...] Une seule consolation pour la vieille dame Le seul réconfort pour Hélène sera l'évocation du passé, du temps où Ronsard célébrait sa beauté à travers sa poésie : Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant (v3). D'autre part, en dépit de son isolement, elle sera perçue comme une vieille dame particulière parce qu'elle aura été la muse du célèbre poète Ronsard Servante oyant telle nouvelle (v5). Ainsi, cette déclaration amoureuse peut surprendre par son contenu. Il est extrêmement rare et peu délicat d'ailleurs, de rappeler, à une femme que l'on veut séduire, que ses charmes sont éphémères. [...]
[...] Dans Stances à Marquise le chantage du poète apparaît clairement : si la comédienne Du Parc veut immortaliser sa beauté, elle doit accepter les avances du vieux Corneille grison Chez Ronsard, la proposition est plus subtile, il lui dit simplement dans un vers comme rejeté au début du dernier tercet, qu'elle éprouvera des remords plus tard : Regrettant mon amour, et votre fier dédain En fait, qu'elle cède ou qu'elle résiste, son nom et sa beauté passeront à la postérité : Bénissant votre nom de louange immortelle dit-il au vers 8. Alors que Corneille était plus menaçant : Vous ne passerez pour belle (v30-31). [...]
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