Les douze premiers vers constituent un récit d'anticipation en trois temps : Ronsard exprime d'abord dans le premier quatrain les regrets d'Hélène au soir de sa vie ; le deuxième quatrain chante la gloire posthume de Ronsard tandis que le premier tercet met en parallèle la mort de Ronsard et la déchéance physique d'Hélène (...)
[...] La triple apostrophe des vers 13-14 permet d'actualiser le récit par le discours au présent (indicatif et impératif) : le poète fait la leçon à la jeune fille dans un dialogue fictif qui répond aux regrets exprimés par Hélène v.4 ; aux paroles du vers 3 direz s'opposent les actes du vers 13 vivez La longueur et la régularité de l'alexandrin semblent conforter cette leçon : Hélène a la chance d'être jeune et en bonne santé, contrairement à Ronsard qui est fatigué et malade. III) Conclusion : Dans ce sonnet, Ronsard détourne la quête amoureuse au profit d'une louange de la puissance poétique. En ce sens, Quand vous serez bien vieille n'est pas sans évoquer Ciel, air et vents écrit par le même auteur une vingtaine d'années plus tôt. Néanmoins les accents pathétiques se font plus insistants en 1578, comme s'il pressentait sa propre mort. [...]
[...] Elle n'est plus capable d'agir, comme le prouve le champ lexical de l'inactivité : assise v.2, sommeiller v.6 et accroupie v.11. Les images de la frilosité v.11 et de l'ennui dominent dans une vision péjorative qui culmine avec la vision d'horreur du vers 9. L'analepse du vers 4 raconte l'amour de Ronsard et la réserve d'Hélène : c'est désormais le temps des regrets et des remords. Si le poète présente à Hélène le tableau dégradant de sa propre vieillesse, c'est pour mieux l'exhorter à profiter de l'instant présent. [...]
[...] Ils ont des rôles figés : Hélène est une femme âgée, Ronsard est déjà mort, mais son nom est célèbre grâce à son talent poétique. Deux vers symbolisent cette mise à distance : les repères spatiaux des vers 9 sous la terre et 14 au foyer s'opposent dans un parallélisme renforcé par la symétrie des pronoms placés à l'initiale des vers. Seuls les vers 4 et 12 réunissent Hélène et Ronsard ; mais ce n'est que dans le passé que leur relation prend forme. [...]
[...] Ce faisant, il renoue avec une conception très ancienne de l'art, qui permet de fixer la beauté et d'échapper ainsi aux ravages du temps (comme dans Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde). Au champ lexical de la déchéance physique répond celui de l'immortalité v et 12. Il n'est donc pas trop tard pour Hélène : le principe d'inversion temporelle permet au poète d'anticiper le pire avant de revenir à la réalité présente et de fournir une alternative à Hélène. L'éternité poétique qui fait que son nom se transmet d'âge en âge (vers contraste avec la mortalité corporelle v.9-10. [...]
[...] Ce recueil poétique célèbre son amour pour une jeune femme, Hélène de Surgères. Dans le sonnet de la partie, il lui présente d'abord un tableau saisissant de la vieillesse et de la mort, avant de lui proposer un véritable Carpe Diem. Un tableau saisissant de la vieillesse : Les douze premiers vers constituent un récit d'anticipation en trois temps : Ronsard exprime d'abord dans le premier quatrain les regrets d'Hélène au soir de sa vie ; le deuxième quatrain chante la gloire posthume de Ronsard tandis que le premier tercet met en parallèle la mort de Ronsard et la déchéance physique d'Hélène. [...]
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