Sa beauté est passée. Ce sonnet a été écrit pour Hélène, or il ne cherche pas à la célébrer mais lui renvoie plutôt une image peu flatteuse d'elle-même. Sa beauté n'apparaît qu'à l'imparfait " Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle " (v.4) (...)
[...] Ainsi Ronsard a vaincu la mort. Au nom de la poésie Hélène devrait donc répondre de son amour : " Vivez si m'en croyez, n'attendez à demain De façon inattendue, Ronsard mêle deux thèmes communs : d'une part l'épicurisme et la poursuite du bonheur, d'autre part l'immortalité que prodigue la poésie. Ce poème est une forme de provocation puisque Ronsard projette par Hélène une vision réaliste de son avenir mais il est aussi un appel à vivre le présent pour vaincre la mort (Carpe diem). [...]
[...] Son attitude en face de Ronsard est évoquée pour être regrettée. Elle apparaît en effet dans une attitude de dédain en face de l'amour qui lui est offert " regrettant mon amour et votre fier dédain " (v.12). Sa vieillesse, non sans une certaine cruauté, Ronsard préfère envisager l'heure des souvenirs mélancoliques. A deux reprises, il se plait à faire envisager à Hélène sa vieillesse : " Quand vous serez bien vieille " " vous serez au foyer une vieille accroupie " (v.11) La précision de la scène Au vers les circonstances : "au soir", "à la chandelle", qui permettent d'imaginer la scène ne manquent pas de douceur. [...]
[...] De plus, alors qu'Hélène n'a pas droit à être nommé dans ce poème (elle n'acquerra ce droit que si elle cède à l'amour de Ronsard), le poète se cite deux fois Une mort très douce Plus que sa vieillesse, c'est son fantôme qu'il met en scène et sa mort même semble légère. Là où Hélène était accroupie, Ronsard se repose parmi des arbres consacrés à Vénus. Certes le poète meurt, mais il continue à vivre dans les mémoires. Chacun sur terre se souvient de lui, Hélène bien sûr : " Direz chantant mes vers " (v.3) mais encore l'ensemble de ses servantes se souviennent de Ronsard. L'expression " lors vous n'aurez servante " (v.5) a un caractère absolu. Elle signifie toutes les servantes. [...]
[...] Ronsard est donc devenu plus cynique. De plus, la douceur du rythme initial bien cadencé " Quand vous serez bien vieille / au soir, à la chandelle " a disparu au vers 11, alexandrin d'une seule traite. La solitude d'Hélène : En outre, la vieillesse d'Hélène ne se trouve nullement douce : Sa vie parait au contraire particulièrement monotone. D'abord parce que Ronsard a l'habileté de la présenter seule et non entourée d'enfants ou petits enfants. La seule présence que l'on perçoive autour d'elle est celle des domestiques. [...]
[...] Ce regret, Ronsard se plait à le faire durer en employant les participes présents chantant et vous émerveillant. Transférés à la servante, les participes présents du second quatrain jouent le même rôle nostalgique : " Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant " La projection dans le futur aux vers 13 et 14. Le poète lance à Hélène son appel : " Vivez si m'en croyez " (v.13-14). Dans ces deux vers, il ne cherche pas à montrer que la beauté actuelle d'Hélène contredit à l'annonce de sa décrépitude : omettant de lui redire qu'elle est belle (adj. [...]
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