Ce poème dans la tradition de l'éloge amoureux, poème dans lequel l'auteur fait sa cour à sa belle, avec pour intention de la convaincre de son amour, et d'obtenir le sien en retour. Ce genre, très en vogue depuis le Moyen Age avec les trouvères et les troubadours vient d'être rajeuni par Marot, avec le genre du blason, qui se consacre à décrire la belle par l'un de ses attributs : le "tétin", comme Marot lui-même, ou le "sourcil", chez Maurice Scève (...)
[...] Dans ce visage, dont nous avons les joues et les lèvres, ainsi que l'encadrement : les cheveux, il nous manque un élément important, les yeux. Est-ce pour calmer le jeu et le désir que Ronsard quitte le champ lexical des sens toucher et goût pour se référer à l'Antiquité ? Amour laissa ses traits dans vos yeux rigoureux Avec cette image, très conforme au genre, Ronsard emprunte à la mythologie : le dieu Amour armé de flèches, les traits, qui tout comme le regard de Marie ont blessé le poète, Junon, l'épouse de Zeus qui figure parmi les trois plus belles à qui Pâris devait décerner la pomme d'or De Junon sont vos bras les Grâces au nom évocateur des Grâces votre sein et l'Aurore Vous avez de l'Aurore et le front, et la main Ronsard a même recours à une déesse relativement peu connue : Pitho, déesse de la persuasion. [...]
[...] Cette pointe est d'ailleurs un dernier éloge, puisqu'un "cœur de lion", c'est aussi la métaphore d'un beau courage. Ce poème est optimiste, heureux : la nature elle-même est un écrin à l'amour; s'il y a automne, avec les châtaignes, celui-ci est bien vite suivi d'un printemps nouveau et, et nous n'en sommes qu'à l'Aurore de l'amour, et l'aurore de la vie. Ce poème appartient au recueil Les Amours (1552 1560) : nous sommes ici au début de la carrière de Ronsard, son "enfance" (Pour son tombeau). [...]
[...] Nous nous attacherons ensuite à montrer en quoi ce poème révèle aussi un autre regard, celui d'un peintre. Enfin, nous évoquerons les différentes stratégies du poète amoureux lorsqu'il veut convaincre et séduire. I L'éloge de la belle Il y a dans ce poème deux évocations : celle de la nature, et celle de l'Olympe, chacune porteuse d'une intention propre : par la noblesse des références mythologiques, Ronsard veut convaincre de l'honorabilité de son amour, et de son respect; il est ainsi dans la droite ligne de la Pléiade et de l'humanisme de la Renaissance. [...]
[...] La comparaison avec la rose se fait ici sur la teinte, vermeille, mais aussi sans doute sur le toucher supposé : la rose est à la fois douceur lisse et fraîcheur. Puis Ronsard élargit le portrait aux cheveux; la comparaison emprunte toujours à la nature vous avez les cheveux De couleur de châtaigne, mais nous notons ici l'originalité de la comparaison en ce sens qu'elle est plus humble : des châtaignes ne sont ni rares ni précieuses, et tout un chacun peut y goûter, même et surtout un simple paysan. [...]
[...] auteur de plusieurs recueils de poèmes : des odes, mais aussi beaucoup de sonnets : Les Amours, Les sonnets pour Hélène, et plus tardivement, de très émouvants Sonnets sur la Mort de Marie. Il est l'un des auteurs les plus représentatifs de la Pléiade, un groupement de sept poètes, d'où son nom. Marie, vous avez la joue est extrait des Amours. Ronsard est jeune, et Marie est vivante. Le titre du recueil annonce bien le sujet : l'amour, et ici, l'amour de Marie. [...]
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