Explication du sonnet 129 des Amours de Ronsard. Le sonnet étudié est construit sur une comparaison entre les faveurs de la dame et le mois d'Avril, en tant qu'il est le mois de l'avènement du printemps. En quoi la comparaison avec la nature printanière sert-elle le dire amoureux et la parole poétique ?
[...] EXPLICATION SONNET 129 Situation : Le recueil des Amours de Ronsard de 1552 rassemble des sonnets amoureux dédiés à Cassandre Silviati. Au sonnet 128, c'est-à-dire au milieu du recueil, l'union tant désirée s'accomplit enfin hic & hunc. En effet, le sonnet 129 clôt une série de sonnets heureux : le sonnet 125 montre l'enthousiasme du sacrifice amoureux, le sonnet 126 est une prière à Vénus pour qu'elle soutienne la venue prochaine du combat amoureux et enfin, le sonnet 127 raconte l'étreinte survenue en songe. [...]
[...] Malgré le doute qui peut planer sur la réalisation effective de l'union amoureuse, le sonnet célèbre le désir du poète. Cette equivocité peut être vue comme le reflet de la dualité de la femme et de la passion amoureuse. D'ailleurs, la sonnet 129 occupe une position charnière entre une série de sonnets heureux et le sonnet 130 qui dit la difficulté d'aimer et le dissidio du poète. La comparaison sert aussi et surtout à célébrer le pouvoir de l'amour qui entraîne la poésie dans l'ordre du cosmos, se mêlant à la Nature. [...]
[...] Analyse : Le premier quatrain énonce les termes de la comparaison. D'emblée le poète se pose comme le poète-amant à travers le je qui prend en charge la parole poétique .C'est lui qui fait l'action de comparer. Le verbe parangonner est d'ailleurs un italianisme que Muret nous signale. Il s'adresse à sa dame : ta Le comparé est ta jeune beauté Le vers 1 et le vers 2 constitue une unité puisque le deuxième qualifie la jeune beauté. On observe une redondance de toujours et dure l'expression printans nouvelle rappelle la jeunesse évoquée au vers 1. [...]
[...] Les vers observent une construction en parallèle. Les vers 5 et 6 forment une unité . Le vers 5 est équivoque : Nul ne peut faire preuve de cruauté devant la belle ? Est-elle incapable de cruauté ? Il est aussi possible de comprendre qu'après une longue période de refus, la dame accorde enfin ses beautés et cesse ainsi toute cruauté. Au vers la saison plus cruelle désigne l'hiver. André Gendre propose de lire ceci comme une preuve que la dame a cédé aux avances du poète-amant et qu'est donc terminée la saison plus cruelle, celle des refus répétés qui entraînaient les pires souffrances. [...]
[...] La comparaison se poursuit au vers 13. L'expression front roussoiant est souvent utilisée dans le recueil pour décrire la femme mais elle désigne ici la nature printanière. Pour la première fois, pour la clausule, les vers ne sont pas construits en parallèle, ceci pour mettre en exergue la plainte finale. Les deux fontaines symbolisent les larmes du poète, sont-ce des larmes de malheur ou des larmes de bonheur après les faveurs accordées ? Dans le sizain, la description de la nature et celle de la femme sont mêlées, la douleur du poète prend les dimensions de l'univers, tout comme sa poésie. [...]
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