Le rondeau parfait raconte une mésaventure qui serait arrivée à Clément Marot : il aurait été emprisonné au Châtelet au printemps 1526 pour avoir mangé le lard pendant le carême. C'est un thème qui a déjà été abordé dans la ballade XIV et dans le rondeau LXVI à travers la figure de l'amie, de l'inconstante. Qu'entendre par l'adjectif « parfait » ? Le plus souvent cela implique une idée de complétude, d'achèvement.
Ce rondeau se compose de six strophes. Il obéit globalement aux règles du rondeau traditionnel : emploi du décasyllabe, rondeau formé sur deux rimes, la présence d'un refrain. Toutefois, la présence de la sixième strophe pose problème. Les deux premières strophes contiennent l'ensemble du récit. Les strophes trois, quatre, cinq forment le développement du récit. Marot y raconte ce qui lui est arrivé. La dernière strophe sert de conclusion au récit et au rondeau. Comment Marot renouvelle-t-il cette forme qu'il a déjà longuement pratiquée ? Comment la perfection de ce rondeau réside-t-elle dans son imperfection même ?
[...] Enfin, rondeau parfait, puisqu'il rentre, il clôt, il ouvre. Apothéose de cette forme qui annonce son déclin. [...]
[...] Les Envieux sont les calomniateurs, les dénonciateurs, ceux qui accusent Marot. Noé signifie Noël. Cela signifie donc que Marot n'est pas prêt de sortir de prison. Les deux points après n'en sortirais ne sont pas une explication, mais plutôt une sentence de la part de Marot envers ses détracteurs. C'est une véritable malédiction. L'image de la Mort est ici doublement présente : au vers 6 avec la personnification et au vers 7 avec sa représentation qui est un squelette. Malgré leurs dents le nœud est dénoué : le nœud représente les chaînes avec lesquelles on attache les prisonniers. [...]
[...] La main écrit et réalise sous nos yeux la liberté de Marot .Dans cette strophe, le sujet grammatical n'est pas Marot, mais la main de ses amis. Le premier jour de la verte Semaine c'est-à-dire le premier mai qui est aussi la fête de Vénus, la déesse de l'Amour. C'est l'amour qui le lie à ses amis. Tout ceci est très symbolique. Ici le rentrement est à la fois un rejet et un enjambement. Ce rentrement signifie qu'il est heureux de pouvoir leur dédier ce rondeau maintenant qu'il est en liberté. Marot oscille donc entre respect de la forme et irrespect. [...]
[...] La Cour romaine rappelle la décadence de Rome. Le fait de nommer les théologiens ainsi insinue qu'ils sont eux aussi décadents. Entre méchant ne fus oncques alloué : le sujet est éludé. Marot se moque ouvertement des théologiens, car même si ce qu'il est supposé avoir fait a choqué les partis religieux, étant donné qu'il est célèbre, on ne l'a pas mis en prison avec les méchants c'est-à-dire avec les voleurs et les assassins. Sa notoriété lui a valu des égards. [...]
[...] Rondeau au total absolument parfait puisque sa forme même, entre toute imparfaite, exprime métaphoriquement et parfaitement son thème réfléchit, visualise, représente parfaitement ce dernier. Placé stratégiquement à la fin de la section des rondeaux, il résume et achève une certaine poétique, celle de son père. Dans le même temps qu'il condense les contraintes que des générations de versificateurs s'étaient évertués à raffiner, il témoigne de l'éminente flexibilité d'un genre qui au début du XVI° siècle n'a plus de fixe que le nom. Préparation à une poétique libérée pleinement accomplie dans la chanson. [...]
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