C'est ici la première scène de la pièce, la scène 1 est toujours longue avec plusieurs tableaux. L'action dramatique est déjà bien envoyée et ici il y a un espoir de réponse à ce qui en fait le n?ud : Marianne va-t-elle agréer l'amour de Coelio ? Il s'agit d'une scène fortement argumentative (...)
[...] - Un mal le plus cruel de tous, car c'est un mal sans espérance ; le plus terrible, car c'est un mal qui se chérit lui-même et repousse la coupe salutaire jusque dans la main de l'amitié, un mal qui fait pâlir les lèvres sous des poisons plus doux que l'ambroisie, et qui fond en une pluie de larmes le cœur le plus dur, comme la perle de Cléopâtre ; un mal que tous les aromates, toute la science humaine ne sauraient soulager, et qui se nourrit du vent qui passe, du parfum d'une rose fanée, du refrain d'une chanson, et qui suce l'éternel aliment de ses souffrances dans tout ce qui l'entoure, comme une abeille son miel dans tous les buissons d'un jardin. MARIANNE. - Me direz-vous le nom de ce mal ? [...]
[...] - Pourquoi n'aimeriez-Vous pas Coelio ? C'est votre amant. MARIANNE. - Me direz-Vous aussi pourquoi je vous écoute ? Adieu, seigneur Octave ; voilà une plaisanterie qui a duré assez longtemps. (Elle sort.) OCTAVE. - Ma foi, ma foi ! Elle a de beaux yeux. (Il sort.) Analyse : La stratégie argumentative d'Octave Octave est un personnage actif, énergétique. C'est un véritable ami, très sincère de Coelio. Il est intelligent et spirituel. Il aura donc forcément une bonne argumentation. A. [...]
[...] - Est-il si dangereux à dire, si terrible dans sa contagion, qu'il effraye une langue qui plaide en sa faveur ? OCTAVE. - Est-il si doux à entendre, cousine, que vous le demandiez ? Vous l'avez appris à Coelio. MARIANNE. - C'est donc sans le vouloir, je ne connais ni l'un ni l'autre. OCTAVE. - Que vous les connaissiez ensemble, et que vous ne les sépariez jamais, voilà le souhait de mon cœur. MARIANNE. - En vérité ? OCTAVE. - Coelio est le meilleur de mes amis. [...]
[...] Elle est peut-être aussi blessée par les généralités d'Octave sur les femmes dans la réplique 8. Voilà pourquoi elle met abruptement fin à la conversation. Elle semble donc l'emporter puisqu'elle a le dernier mot. Mais c'est elle qui sort (voir la didascalie). Elle est donc aussi à demi vaincue. En même temps dans le contexte de l'époque il lui est difficile de réagir autrement. Que penser de ce marivaudage ? Marianne souhaite offrir l'image de la vertu. Cependant son mariage est de toute évidence un mariage arrangé, Claudio est plus vieux qu'elle et pas drôle. [...]
[...] - Est-ce ma faute s'il est triste ? OCTAVE. - Est-ce sa faute si vous êtes belle ? Il ne pense qu'à vous ; à toute heure il rôde autour de cette maison. N'avez-vous jamais entendu chanter sous vos fenêtres ? N'avez-vous jamais soulevé à minuit cette jalousie et ce rideau ? MARIANNE. - Tout le monde peut chanter le soir, et cette place appartient à tout le monde. OCTAVE. - Tout le monde aussi peut vous aimer ; mais personne ne peut vous le dire. [...]
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