Qu'est-ce que le romantisme ? - Alain Vaillant (2016) - L'objet d'art et le sujet auctorial

Thèmes abordés

Alain Vaillant, romantisme, objet d'art, sujet auctorial, je auctorial, Schleiermacher, produire de la connaissance, esthétique romantique, objectivation, perception subjective, vision universelle, Victor Hugo, Annie Ernaux, Rousseau, Lamartine, Proust

Résumé du document

Selon Schleiermacher, "l'intuition de soi et l'intuition du monde sont des concepts interchangeables : moi est le monde''. Déjà chez ce romantique allemand, nous sentons qu'il existe un lien entre le sujet et le monde qui l'entoure, et ce lien tient dans la porosité de l'un et de l'autre. Nous retrouvons une idée similaire chez Alain Vaillant dans son oeuvre intitulée "Qu'est-ce que le romantisme ?" et parue en 2016. En effet, d'après lui, ce lien évoqué par Schleiermacher est une ''véritable invention esthétique du romantisme, simple, mais absolument géniale et révolutionnaire''.
L'esthétique correspond au beau dans la nature et dans l'art. Pour Alain Vaillant, cette esthétique est mise à jour par l'avènement du romantisme, mouvement littéraire qui s'est développé en réaction à la régularité classique, puisqu'elle propose une idée de la beauté en tant que pénétration du sujet dans l'objet qu'il crée.

Extraits

[...] Il s'agit, selon Alain Vaillant, d'un ''processus de subjectivation, d'inscription de la présence du sujet auctorial dans l'objet d'art créé [ . La subjectivation renvoie à la marque d'une subjectivité dans ce qui est censé être objectif. On parle ainsi de ''processus de subjectivation'' en ce sens que l'auteur incorpore sa subjectivité dans l'objet d'art qu'il crée au point de le devenir, de se transformer en cet objet. ''L'objet d'art créé'' est le résultat d'une rencontre entre l'objectif et le subjectif, mais également la marque d'une empreinte auctoriale, en ce sens que l'auteur cherche consciemment à devenir ce qu'il invente. [...]

[...] L'instance auctoriale ne peut pas totalement se séparer de sa subjectivité. L'auteur romantique est celui qui se prend comme sujet, mais est également celui qui prend pour sujet l'objet d'art qu'il crée. Autrement dit, l'objectif et le subjectif sont deux instances en relation qui sont au service l'une de l'autre. Le sujet auctorial est d'abord sujet parce que c'est à travers une activité de méditation et de contemplation de son esprit qu'il parvient à percevoir le monde, mais ce monde est un objet qui s'écarte de sa subjectivité. [...]

[...] En somme, la véritable esthétique romantique tient dans la coopération entre l'objectif et le subjectif, en ce sens que la perception subjective de l'auteur agit comme la recomposition de l'objectif, autrement dit, de ce qui est perçu habituellement par le lecteur. Enfin, l'auteur romantique agit comme un être de recomposition, en ce sens qu'il recompose un objet à travers sa perception subjective Lorsqu'un auteur romantique écrit, il s'écrit d'abord. L'objet d'art qu'il crée contient sa trace, son empreinte, son essence, et en d'autres termes, il contient la présence de sa perception d'un objet. En effet, l'auteur romantique ne peut pas se séparer totalement de sa subjectivité et doit même composer avec elle. [...]

[...] En effet, l'esthétique du romantisme consiste à voir un objet à travers la perception subjective d'un auteur qui agit comme sa recomposition. Cela permet de discerner obscur au-delà ou en deçà de l'œuvre'', à savoir l'objet que vise ce processus de subjectivation et qui ne peut être atteint que par son application. Les effets de ce processus se présentent sous la forme d'un autrement dit, une chose perçue qui permet de conclure à l'existence ou à la vérité d'une autre chose à laquelle elle est liée. [...]

[...] L'auteur, mû par son autonomie, s'efface dans la narration et met en valeur un autre sujet que lui-même. ''L'obscur au-delà et en deçà de l'œuvre'' décrit par Alain Vaillant peut correspondre au point de rencontre avec les questions du monde relatives à la société, à la politique ou encore à la religion. Autrement dit, ''l'obscur'' peut être en réalité un enjeu qui permet d'apporter une avancée, un progrès que l'instance auctoriale cherche à mettre en œuvre, en ce sens que le progrès est perçu comme l'idéal à atteindre. [...]