Le Roman de Thèbes est l'oeuvre d'un clerc qui devait appartenir à l'entourage d'un couple : Aliénor d'Aquitaine et Henri II Plantagenet. Il y a deux manuscrits C et S, le nôtre est S, il s'agit du plus long. Il reproduit un état de langue ancien (Ancien Normand), ce sont des manuscrits tardifs (...)
[...] Le Roman de Thèbes, étude du prologue. Le Roman de Thèbes est une traduction et une adaptation de la Thébaïde (épopée) de Stace, qui adapte une matière plus ancienne qui relève du mythe et de la tragédie. Stace ne fait pas précéder l'histoire d'un prologue car il s'adresse à un public qi connaît le mythe : lignée maudite de criminels, Etéocle et Polynice en sont les derniers rejetons, ce sont les Labdacides. Le Roman de Thèbes est l'œuvre d'un clerc qui devait appartenir à l'entourage d'un couple : Aliénor d'Aquitaine et Henri II Plantagenet. [...]
[...] Les contemporains ont compris cette affaire de la même façon que la haine entre Etéocle et Polynice. Si les princes se déchirent c'est parce qu'ils sont victimes de leur hérédité. Ils tiennent donc d'Aliénor d'Aquitaine, volage qui descend elle-même d'une sorcière, du côté du père aussi. Le père a épousé Aliénor qui avait connu charnellement son père. La transmission de la faute par la généalogie est un phénomène d'explication historique. Pour le public de l'époque, l'histoire elle-même est considérée comme historique mais drapée sous du merveilleux. Le Roman de Thèbes est un roman de l'historiographie antique. [...]
[...] L'anachronisme se fait d'emblée sentir dans le prologue : le mariage d'Œdipe et Jocaste se fait à cause de la pression des barons car Œdipe est le champion de la ville et une femme ne peut pas être à la tête d'un fief. L'auteur réécrit le motif du mariage en faisant intervenir des considérations du XIIe siècle, conceptions de la femme et du droit féodal de l'époque. Pour Daniel Poirion, l'intérêt de ce prologue est d'établir une généalogie de la faute. Le prologue évoque tous les crimes contre nature imaginables (infanticide, inceste, puis parricide sous forme symbolique car les fils d'Œdipe, Etéocle et Polynice, se révoltent contre leur père. [...]
[...] La représentation littéraire est marquée de façon sous-jacente par le fratricide biblique, et du coup remonte à Adam et Eve et au péché originel. La transmission généalogique de la faute de père en fils fait que tous les hommes sont marqués par la faute. Ce prologue donne une représentation mythique au texte (mythe antique en résonnance avec le mythe biblique). Le fratricide entre Etéocle et Polynice reprend le fratricide biblique Abel et Caën. Le texte s'adresse à un public chrétien qui connaît cela. Abel est le cadet (personnage positif), il est assassiné par son aîné. [...]
[...] Au centre est placé la transmission généalogique de la faute. Le prologue donne donc une idée mythique au texte : le mythe chrétien. La présence d'une structure mythique dans une œuvre littéraire en fait-elle un mythe ? Pour l'époque, les concepts de mythe et d'histoire se confondent. Les mythes peuvent passer pour de l'histoire. Mythe qui correspond à une réalité de l'histoire de l'humanité. Il y a des différentiations anachroniques. Les contemporains interprétaient l'histoire contemporaine en la qualifiant de mythique. [...]
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